la JEUNESSE en vacance
Ces jeunes gens ne manquent ni de caractère, ni de dons, ni d’application : mais on ne leur a jamais laissé le temps de se donner à eux-mêmes une direction, on les a bien plutôt habitués dès le berceau à recevoir une direction. Lorsqu’ils furent assez mûrs pour « être envoyés dans le désert », on agit différemment — on les utilisa, on les déroba à eux-mêmes, on leur apprit à se laisser user quotidiennement, on leur fit un système de devoirs — et maintenant ils ne peuvent plus s’en passer et ne désirent rien d’autre. Une seule réserve : on ne doit pas refuser à ces pauvres bêtes de somme leurs « vacances » — comme cela s’appelle, cet idéal d’oisiveté d’un siècle surmené : où il est enfin permis de paresser à cœur joie et d’être stupide et infantile.
Nietzsche, Aurore.
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