les ASSASSINS
Pour ce qui concerne la place des Assassins dans l’histoire de l’Islam, quatre points sont à retenir. Premièrement, leur mouvement, quelle qu’ait pu être sa force motrice, représenta une grave menace pour l’ordre en place, politique, social et religieux. Deuxièmement, il ne constitua qu’un phénomène isolé mais il appartient à une longue série de mouvements messianiques à la fois populaires et obscurs, suscités par de profondes angoisses et débouchant de temps en temps sur des explosions de violences révolutionnaires. Troisièmement, Hasan-i Sabbâh et ses partisans réussirent à modeler les désirs vagues, les croyances déréglées et la rage sans but des mécontents et à la canaliser vers une idéologie et une organisation qui, par leur cohésion, leur discipline, leur violence intentionnelle, n’ont eu leur pareille ni avant ni après. Le quatrième et peut-être, en définitive, le point le plus remarquable, c’est leur échec total. Ils ne renversèrent pas l’ordre établi ; ils ne réussirent pas à tenir une seule ville d’importance. Leurs domaines ne furent jamais que de petites principautés […]. / Cependant la vague d’espoir messianique et de violence révolutionnaire qui les avaient portés continua de rouler, et leurs méthodes et idéaux ont trouvé nombre d’imitateurs. Et les grands bouleversements de notre époque ont fourni à ceux-ci de nouvelles causes de colère, de nouveaux rêves d’accomplissement et de nouveaux instruments de combat.
Bernard Lewis, Les Assassins.
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