Je sais, je n’ai pas ce qu’on appelle le don de l’observation, mais, c’est du moins ce que j’imagine, je suis capable d’une sorte de regard érotique. Tour à coup quelque chose me frappe que j’ai toujours omis jusque-là. Non seulement je le vois alors, mais je me mets à l’éprouver comme un sentiment. C’est ce que je veux dire par regard érotique. Ce que je vois n’est pas seulement un objet d’observation mais une partie tout à fait intense de moi-même. C’est ce qu’on appelait jadis « la contemplation des êtres », je crois. Un détail devient le signe du tout. Je n’écris pas alors quelque chose que j’ai observé, comme le font la plupart des gens, mais quelque chose de vécu. C’est précisément pour cette raison que je veux être écrivain.
Peter Handke, Faux mouvement.
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