Je tente de récapituler, de repenser Paris. Les convultions qui secouaient le monde semblent aux yeux des entêtés à courte vue qui les ravalent à l’échelle humaine, s’être atténuées pour une longue période. Je n’en crois rien. Nulle part je ne retrouve, dans ma ville tant explorée, tant interrogée, tant pénétrée, cet assoupissement, cette quiétude lasse, symptômes d’une paix durable. Les gens sont fatigués, c’est vrai. Fatigués et déçus. De tout ils ont marre. Pas la ville. Elle continue de frémir. […] —, il y a sous les pavés de la révolte en puissance. Il faiu s’attendre absolument à tout. / Les événements dont il m’a plu de fixer le souvenir ne sont que les plus spectaculaires manifestations de forces que l’on veut « obscures », par peur, par ignorance, par routinière bêtise. Mais c’est maintenant un fait incontestable que les moindres paroles, les gestes les plus anodins, prennent en certains lieux et à certaine heures une importance, un poids inusités, et suscitent des prolongements qui dépassent de beaucoup l’intention.
Jacques Yonnet, Rue des Maléfices.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire