jeudi 28 juillet 2011

L’Orpailleur : Fragments – Épisode 4

3.

Certaines villes sont au carrefour magnétique de nombreuses routes de fortune qui sans cesse avec elles ramènent les mêmes voyageurs. C’est vrai, l’attrait d’une ville est en grande partie tributaire des personnes et des situations qui y sont liées ; mais lorsque tout cela s’est dénoué, qu’est-ce qui fait que cette force d’attraction demeure intacte ? Le souvenir nostalgique de ce qui a été ? Non : il existe entre les lieux et les êtres des rapports plus intimes ; il y a des paysages urbains et des espaces intérieurs qui coïncident.


4.

À Amsterdam, il séjournait dans un hôtel de la périphérie, à la lisière de l’entrelacs arachnéen de rues et de canaux qui forment la trame de cette cité mouvante et précaire où il était venu se prendre, il y a quelques années déjà, quand Amsterdam était une ville plus libre, et que la jeunesse n’avait pas encore vieilli.

Ceux qui n’ont pas vécu cette époque ne voudront pas le croire, mais on respirait alors un air plus pur. Nous avions vingt ans et les mauvais jours allaient finir.


5.

Sur le chemin de l’hôtel, Gilles s’attardait à penser aux années passées, jouées et perdues. C’était hier, au hasard de ces rues. C’est aujourd’hui. Demain, demain, et puis demain : « Je marque mon jeton à ce jeu de la vie où nous perdons coup sur coup... »

Une bruine légère et pénétrante flottait sur la ville. Un mélange d’air et d’eau pulvérisée, qui à chaque inspiration s’insinuait au plus profond de l’être, le faisait autre, adapté à un autre milieu, créature hybride des régions intermédiaires, entre la terre et l’eau.

(À suivre)

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