Céline est le plus grand écrivain du XXe siècle — et il est bien parti pour le rester dans celui qui commence (mal ou bien, c’est encore indécidable). C’est une évidence. Il suffit de prendre n’importe quelle page de Céline et de la mettre en regard de la meilleure page du meilleur livre de n’importe lequel des écrivains contemporains pour s’en aviser. Mais il y a l’antisémitisme furieux : il y a « le cas Céline ». Philippe Soupault disait refuser de le lire parce que c’était « un salaud ». Roger Vaillant voulait tout simplement l’assassiner. D’autres, moins radicaux, s’interrogent et chipotent ; le lisent du bout des doigts. Certains, comme le graphomane Nabe (qui se flatte d’avoir cessé d’écrire ! mais ce n’est malheureusement pas vrai) affirme que ses pamphlets sont ce qu’il a écrit de mieux ; et le prennent justement par ce « mauvais côté » qu’ils déclarent excellent. C’est le cas de Voyer, grand ami du Nabot qui pourtant ne le cite jamais, qui trouve que Céline est « génial parce que antisémite et antisémite parce que génial ». Ce qui est certain, en tout cas, c’est que ceux qui refusent de lire Céline à cause de son antisémitisme sont des imbéciles comme ceux qui l'en félicite et s'en délectent — et qui ne sont pas tous de Paris.
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