jeudi 22 mars 2012

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Bientôt sur vos écrans


L’INTERNATIONALE SITUATIONNISTE

IMAGE et VÉRITÉ


Des révélations sur l’histoire secrète de l’I.S.


Debord était-il la réincarnation du Comte de Saint Germain (des Prés) ?

Michèle Bernstein était-elle une des figures de Pistis Sophia ?

Le « vampire du Borinage » — était-il le petit-fils de Dracula ?


Bientôt des réponses à toutes ces questions essentielles

Et plus encore !

vendredi 16 mars 2012

Vie et mort de Guy Debord – Errata / 6

Nous en resterons provisoirement là avec ces errata. Nous sommes loin des « centaines » mais nettement au-delà des « trois ». Quoi qu’il en soit cela permettra d’ores et déjà au lecteur de bénéficier de ces corrections ; et à Christophe Bourseiller de préparer une prochaine édition qui sera moins fautive. Pour qu’une « véritable histoire » de l’I.S. soit écrite qui remette chacun des protagonistes à sa juste place — ce qui pour le moment semble irréalisable tant celle accordée à Debord est écrasante — il faudrait justement que tous ces situationnistes qui ne parlent pas — c'est-à-dire le peu qu’il reste — se mettent à table, ce qu’ils refusent de faire. Il faudra donc encore attendre.

Mais pour terminer sur une note plus légère, nous citerons un extrait du chapitre conclusif du livre de Christophe Bourseiller qui, au-delà du comique involontaire qui s’en dégage montre à la fois la volonté qu’a visiblement l’auteur de servir la mémoire de Debord et les excès (verbeux) auquels cela le mène.

« Nous voici face à Guy Debord. Qui fut réellement cet homme qui fit couler tant d’encre ? J’ai l’impression qu’un seul mot résume au final sa trajectoire in classable : dépassement. / Debord fut l’homme du dépassement de l’art. Il effectue ensuite le dépassement du cinéma. Plus tard il dépassa le marxisme et l’anarchisme. En parallèle il dépassa le couple, puis l’amour. Il lui fallut enfin dépasser la douleur, avant de procéder à l’ultime entreprise : celle du dépassement de la vie. » — en se suicidant.

Il était quand même fort ce Debord !

jeudi 15 mars 2012

Vie et mort de Guy Debord – Errata / 5


Page 352. « Au début de l'année 1971, il [Debord] prend contact d'une manière fort inattendue [avec Champ Libre]. Jean-Pierre Voyer se rend un beau jour dans les locaux de la rue des Beaux-Arts. Ayant momentanément troqué ses jeans pour un complet-veston du plus bel effet, il se présente comme le “producteur de Guy Debord” : ce dernier souhaite rencontrer Gérard Lebovici dans le dessein de transposer La Société du spectacle. »

Tout d'abord, il faut préciser que c'est Voyer qui a trouvé Lebovici pour Debord ; et que celui-ci l'a mandaté par la suite pour entrer en contact avec Champ Libre. Ensuite, Voyer n'a pas pu se présenter comme le “producteur de Guy Debord” puisqu'il était précisément mandaté par celui-ci pour lui trouver un producteur. Le « menteur Guégan » prétend pour sa part que Voyer s'est présenté comme étant « l'homme d'affaire de Debord ».


Page 382. « Les années qui suivent [1975 : Réfutation de tous les jugements etc. ; 1976 :  pamphlet de Censor, Déclaration des éditions Champ Libre privant les journalistes de service de presse] coïncident avec la radicalisation progressive de Champ Libre, dont l'équipe permanente se rétrécit : Roger Grégoire et Jean-Pierre Voyer [qui étaient les deux représentants de Champ Libre] s'éloignent en 1976, peu après que Voyer eût publié un ultime ouvrage, Une Enquête sur les causes et la nature de la misère des gens. »

C'est une manière quelque peut expéditive de raconter l'histoire. Ce que Bourseiller appelle pudiquement l'« éloignement » de Voyer est en réalité une mise à la porte brutale. Le « cher Jean-Pierre » avait donné tout ce qu'il pouvait donner : bref Debord avait épuisé le sujet. Cela faisait quelque temps déjà que Voyer commençait à le fatiguer avec ses prétentions théoriques de plus en plus insistantes : il était temps de le remettre à sa place ; c’est-à-dire : dehors. Comme les autres ? Pas tout à fait. Cette fois, c'est Lebovici qui se chargera de faire le travail. C'est ce qu'il est convenu d'appeler « l'affaire de la correspondance Champ Libre », sur laquelle je me reviendrais pas — tout cela est consigné en détail sur le site de Voyer.


Page 412. Bourseiller fait référence à Tout sur le personnage, signé posthume par Gérard Lebovici ; et qu'il qualifie de « curieux ouvrage ». Ce livre qui n'a rien de particulièrement curieux, si ce n'est qu'il vient d'outre-tombe, a en fait été réalisé par Debord lui-même en hommage au « cher disparu ». Le perspicace Bourseiller écrit : « Une “Note” des éditeurs, probablement corédigée par Debord, en précise le sens : [...] ce que Gérard Lebovici a fait est en négatif montré, et bien suffisamment, par la gerbe de vomissures lourdement orienté que se sont trouvés obligés d'émettre “les autres”, c'est-à-dire certains autres. Comme disait Dante, “ce n'est pas avec des arguments que l'on peut répondre à de telles brutalités, mais avec le couteau.” » Cette Note est bien évidemment rédigée par le seul Debord ; et quand il cite Dante, c'est le seul Voyer qui est indirectement* visé. En effet, celui-ci a modérément apprécié la manière dont il a été lourdé ; et, après l'assassinat de Lebovici, il réussira à faire publier, dans le courrier des lecteurs de Libération, une de ces lettres dont il a le secret et où il se réjouit bruyamment de la mort du « falsificateur juif » et se déclare vengé.

____________________

* Fidèle en cela à son principe d’exclusion radicale, il est hors de question pour Debord de s’adresser directement à l’exclu — et à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un « furieux » comme Voyer — ou même de citer publiquement son nom.


(À suivre)

mercredi 14 mars 2012

Vie et mort de Guy Debord – Errata / 4

Page 255. Bourseiller écrit à propos de l’exclusion des situationnistes Strasbourgeois : « D’un côté ceux que Debord nomme dorénavant “les Garnaultins” […]. De l’autre, ceux qui restent fidèles à une Internationale situationniste qui, par ailleurs, ne les admettra jamais dans ces rangs : André Schneider, Daniel Joubert et André Bertrand. » I

Il est inexact d’affirmer que Schneider, Joubert, et Bertrand se sont vus fermer la porte de l’I.S. ; parce qu’on leur a effectivement proposé d’en devenir membres ; ce qu’ils ont tous les trois refusés « pour des raisons différentes et personnelles ».


Page 300. « Comme son nom l’indique, le Conseil pour le maintien des occupations est un mouvement “conseilliste”, dont les frontières excèdent la simple Internationale situationniste. »

Que le mouvement conseilliste ne soit pas restreint à l’I.S., on le concevra facilement. Ce qui ne fait pas pour autant du C.M.D.O., auquel participèrent des membres de l’I.S. à côté de nombreux sympathisants, « un mouvement “conseilliste” » à lui tout seul.


Page 339. Après avoir comparé les situationnistes aux surréalistes, Bourseiller écrit : « […] tout comme on ne saurait réduire l’œuvre surréaliste au seul André Breton, en négligeant Paul Eluard, Salvador Dali, René Crevel, Arthur Cravan et tant d’autres, la théorie des situationnistes ne peut se borner au seul Guy Debord […]. »

Arthur Cravan n’a jamais été surréaliste. Tout le monde sait qu’il était situationniste.


Page 313. On plaindra le calvaire de la malheureuse « cohorte d’admirateurs » de l’I.S. transpirant (vainement) pour « [r]allier le “Golgotha” » et « recevoir l’onction de la cooptation » (qui lui sera refusée : elle n'accédera jamais au Gotha).


(À suivre)

mardi 13 mars 2012

Vie et mort de Guy Debord – Errata / 3

P. 241 « Au début de l’année 1966, les Strasbourgeois de l’IS font part à leurs camarades d’une surprenante ouverture stratégique. Il devient possible de s’emparer sans coup férir… de l’Union nationales des étudiants de France. Certains de leurs amis sont sur le point d’en prendre le contrôle, en jouant habilement sur l’apathie et le désintérêt des étudiants. [...] »


Les situationnistes Strasbourgeois, à savoir : Khayati*, Garnault, Théo Frey et sa sœur Edith, tous anciens élèves de Henri Lefebvre, n'ont eu aucunes relations** avec les étudiants qui devaient s'emparer de l'AFGES le 14 mai 1966 avant l'été de cette même année. Ils n'étaient donc pas les amis de ceux-ci et ils ignoraient tout de leurs intentions, contrairement à ce que Christophe Bourseiller laisse entendre.

Jusqu'à présent, c'est le compte rendu du n°11 d'I.S. qui reste la relation la plus fidèle du « scandale de Strasbourg » bien qu'elle soit elle-même lacunaire. C’est aussi celle que suit Pascal Dumontier dans son livre Les situationnistes et Mai 68. S'il est vrai que « […] quelques étudiants de Strasbourg vinrent nous trouver [l’I.S.] pendant l’été de 1966, et nous firent savoir que six de leurs amis — et non eux-mêmes — venaient d’être élus comme direction de l’Association étudiante locale (A.F.G.E.S), sans programme d’aucune sorte […]. », ce n'est là qu'une partie de la vérité.

André Bertrand précise à ce propos : « J'étais en 1965/66 à Toulouse. J'y fréquentais entre autres Sean Wilder, un étudiant américain rencontré l'année précédente à Strasbourg. J'avais écrit à Debord dès 1965. Sean qui était abonné à I.S., avait été sollicité pour traduire en américain le texte sur les révoltes de Los Angeles (Cf. Correspondance, III, 12 nov. 65.). En juin 66, Sean et moi rencontrons Debord à Paris ; dans une lettre écrite fin mai, j'avais fait part à celui-ci de la prise de pouvoir de la section strasbourgeoise de l'UNEF par certains camarades — avec lesquels j'étais toujours en étroit contact. C'est lors de cette entrevue dans un café de la Place de la Contrescarpe, que se scelle, par mon intermédiaire, l'accord très informel entre le bureau de l'AFGES et l'I.S. ; et que se mettent en place les prémisses du scandale de Strasbourg ; Debord avait, à ce moment-là, déjà pensé au titre téléscopique de « De la misère... » et suggéré les grandes lignes du contenu de celle-ci. »


___________________

* Une anecdote amusante qui a échappée à Bourseiller. Khayati et ses acolytes avaient l'intention, au début des années 60, d'ouvrir un maquis armé dans les Vosges pour soutenir l'insurrection algérienne ! C’est du moins ce qu’affirme Henri Lefebvre dans un entretien reproduit dans le catalogue : Figures de la négation, Avant-gardes du dépassement de l’art qui faisait suite à l’exposition : Après la fin de l'art (1945-2003), présentée du 22 novembre 2003 au 22 février 2004 au Musée d'Art Moderne de Saint-Étienne Métropole ; et organisée un spécialiste : Yan Ciret.

** « On se croisait au bar du Minotaure [cafeteria étudiante] en s'ignorant superbement. », André Bertrand dixit.


(À suivre)

lundi 12 mars 2012

Vie et mort de Guy Debord – Errata / 2

« Les situationnistes ne parlent pas. ». Il est bon de rappeler certes mâle sentence — qui vaut aussi pour les femmes — quand il s’agit d’un livre basé justement sur de nombreux témoignages de gens ayant connu, de préférence de près, Debord. Prenons l’exemple de Michèle Bernstein. Christophe Bourseiller l’a questionné ; elle a gentiment répondu aux questions auxquelles elle voulait bien répondre et opposé un refus catégorique à d’autres, fidèle en cela, comme d’autres proches, à la sentence citée plus haut. Mais ça ne fait rien. Christophe a son comptant d’anecdotes (invérifiables) : c’est le principal dans un bouquin qui prétend faire un portrait vivant du maestro situationniste. On ne lui reprochera donc pas ces anecdotes qu’il était de toute façon dans l’impossibilité de vérifier.

Par contre, il est inexcusable de publier des contrevérités quand cela pouvait être facilement évité en consultant tout simplement des documents qui sont accessibles à tout un chacun. Mais Christophe est un homme pressé, ses activités nombreuses et variées : radio, télé, livres (en tous genres) ne lui laisse pas le temps nécessaire à traquer les petites imperfections et les erreurs qui se glissent inévitablement dans ce genre de travail ; et à y porter remède. Ainsi, d’une édition à l’autre, on retrouve des erreurs anciennes qui n’ont évidemment pas été corrigées et auxquelles viennent se rajouter de nouvelles.

On nous sera donc gré des améliorations que nous apportons (à titre gracieux) à cette biographie qui le mérite.


(À suivre)

samedi 3 mars 2012

Vie et mort de Guy Debord – Errata / 1

Dans sa préface à la nouvelle édition de son livre : Vie et mort de Guy Debord, Christophe Bourseiller écrit :

« […] / Alice, la veuve officielle de Guy Debord, ne m’a jamais aimé. / Sans doute a-t-elle regretté que je ne lui donne pas à lire le manuscrit du présent ouvrage, avant publication. Plus tard, elle m’a écrit, en affirmant que le livre contenait des centaines d’erreurs. Je lui ai proposé de les corriger. Elle a refusé, mais pourquoi ? Dans une lettre ultérieure, elle n’en a plus trouvé que trois. Peu importe au fond… / On lui doit beaucoup. Elle a organisé, régulé, planifié la panthéonisation de Guy Debord. / […] »

Cela mérite plusieurs remarques. Tout d’abord, il faut reconnaître que ce livre est ce qu’on appelle un « travail honnête ». Mais voilà, en l’occurrence ce n’est pas suffisant. Alice méprise Christophe. Le pauvre chou en est visiblement peiné parce qu’il est non seulement un honnête travailleur ; mais surtout parce qu’il admire Debord et qu’il n’est pas reconnu par « la famille ». De plus, il n’arrive pas à comprendre pourquoi on le méprise. Il y a bien ces « erreurs » dont son livre serait truffé par « centaines » — c’est vrai, il y a de nombreuses erreurs dont nous pointerons certaines — ; mais il sent bien que là n’est pas le véritable problème.

En fait, on le méprise pour ce qu’il est : un journaliste, un polygraphe et un histrion ; quelqu’un qui ne comprendra jamais rien à un (petit) monde dont il ne fait pas partie et qui le méprise précisément pour cela. À partir de là, on peut se demander s’il faut vraiment voir de l’ironie dans son propos quand il affirme d’Alice (qui ne l’aime pas) qu’« [o]n lui doit beaucoup » ; et particulièrement « la panthéonisation de Guy Debord » dont il semble d’ailleurs se réjouir comme d’une promotion légitime.

Mais revenons à ces fameuses erreurs. Christophe Bourseiller s’étend particulièrement sur l’une d’elle qui est imputable à Guégan. Celui-ci lui aurait sciemment menti « sur les relations qu’il avait entretenues avec Debord » ; mais sur un point de détail : « Le mensonge de Guégan ne porte finalement que sur un unique nom de village ».Ouf ! Que « le menteur Guégan » (Debord dixit) mente, rien que de très normal. Mais Bourseiller ne semble pas s’aviser que si un Guégan a pu mentir sur des « relations » qu’il n’a d’ailleurs pas eues avec Debord, toutes les autres personnes qu’il a interrogées et qui elles ont bien connu Debord peuvent avoir elles aussi menties sur un point ou sur un autre.


(À suivre)