Dans sa préface à la nouvelle édition de son livre : Vie et mort de Guy Debord, Christophe Bourseiller écrit :
« […] / Alice, la veuve officielle de Guy Debord, ne m’a jamais aimé. / Sans doute a-t-elle regretté que je ne lui donne pas à lire le manuscrit du présent ouvrage, avant publication. Plus tard, elle m’a écrit, en affirmant que le livre contenait des centaines d’erreurs. Je lui ai proposé de les corriger. Elle a refusé, mais pourquoi ? Dans une lettre ultérieure, elle n’en a plus trouvé que trois. Peu importe au fond… / On lui doit beaucoup. Elle a organisé, régulé, planifié la panthéonisation de Guy Debord. / […] »
Cela mérite plusieurs remarques. Tout d’abord, il faut reconnaître que ce livre est ce qu’on appelle un « travail honnête ». Mais voilà, en l’occurrence ce n’est pas suffisant. Alice méprise Christophe. Le pauvre chou en est visiblement peiné parce qu’il est non seulement un honnête travailleur ; mais surtout parce qu’il admire Debord et qu’il n’est pas reconnu par « la famille ». De plus, il n’arrive pas à comprendre pourquoi on le méprise. Il y a bien ces « erreurs » dont son livre serait truffé par « centaines » — c’est vrai, il y a de nombreuses erreurs dont nous pointerons certaines — ; mais il sent bien que là n’est pas le véritable problème.
En fait, on le méprise pour ce qu’il est : un journaliste, un polygraphe et un histrion ; quelqu’un qui ne comprendra jamais rien à un (petit) monde dont il ne fait pas partie et qui le méprise précisément pour cela. À partir de là, on peut se demander s’il faut vraiment voir de l’ironie dans son propos quand il affirme d’Alice (qui ne l’aime pas) qu’« [o]n lui doit beaucoup » ; et particulièrement « la panthéonisation de Guy Debord » dont il semble d’ailleurs se réjouir comme d’une promotion légitime.
Mais revenons à ces fameuses erreurs. Christophe Bourseiller s’étend particulièrement sur l’une d’elle qui est imputable à Guégan. Celui-ci lui aurait sciemment menti « sur les relations qu’il avait entretenues avec Debord » ; mais sur un point de détail : « Le mensonge de Guégan ne porte finalement que sur un unique nom de village ».Ouf ! Que « le menteur Guégan » (Debord dixit) mente, rien que de très normal. Mais Bourseiller ne semble pas s’aviser que si un Guégan a pu mentir sur des « relations » qu’il n’a d’ailleurs pas eues avec Debord, toutes les autres personnes qu’il a interrogées et qui elles ont bien connu Debord peuvent avoir elles aussi menties sur un point ou sur un autre.
(À suivre)
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