Quelques précisions historiques : « Les
contextes politiques en France et en Belgique sont fort différents. En Belgique,
à gauche, il y a un parti hégémonique, le Parti Ouvrier Belge (socialiste).
Avant 1932, le Parti communiste est quasi inexistant et recueille moins de 2 %
suffrages. Deuxième différence majeure, le Parti communiste français n’a pas de
politique littéraire, il hésite entre ce qui deviendra l’optique type Front
populaire qui revient à dire aux écrivains : “Quelles que soient vos
opinions littéraires, l’important est vous prêtiez votre aura culturelle à des
activités de gauche.”, et une position prolétarienne qui met l’accent sur la
teneur des œuvres, sur leur “contenu de classe”. En Belgique, le contexte est
tout autre, cat le P.O.B. a une politique littéraire représentée par quelques
individus qui estiment qu’il faut lier toutes les avant-gardes possibles, qu’elles
soient politique, architecturales, picturales, poétiques ou autres. […] Chez Paul
Nougé, la période de l’engagement communiste précède la période l’engagement
littéraire. C’est une différence sensible avec le parcours de Breton qui est
déjà un écrivain reconnu au moment de son engagement politique. Nougé est un
homme qui a vécu la marginalité politique et qui met à profit cette expérience
pour intervenir dans le champ littéraire. Le projet d’une liaison entre les
avant-gardes comme position politique du surréalisme lui semble intenable en Belgique
du fait de l’hégémonie du P.O.B. et de la position prolétarienne affichée par
le Parti communiste. D’où cette idée d’une séparation des domaines et l’exigence
d’être révolutionnaire dans le domaine artistique pour être efficace. […] / Une
autre différence avec le surréalisme français concerne la notion de groupe
littéraire et la gestion du champ
littéraire. En France, assez naturellement, Breton a pris le modèle de l’avant-garde
mis en place par le romantisme et reproduit tout au long du XIXe
siècle et au-delà. Cette stratégie consiste à dire : recrutons des
disciples et procédons par inclusions et exclusions. Breton a habilement rusé
avec ce modèle, mais c’est bien la formule qu’il avait en tête. Paul Nougé fera
systématiquement le contraire. Il y aura des non-revues, des non-manifestes, un
non-groupe, etc. Puisqu’il refuse l’idée d’un stratégie de groupe, il refuse qu’il
y ait une clé ou un code pour y entrer et préfère qu’on fasse sauter les
serrures. […] »
Nous retrouvons Debord : « Quand on
lit les textes de Guy Debord dans les Lèvres
nues, on a l’impression d’avoir affaire à mauvais pastiche de Paul Nougé.
Et c’est en fin de compte assez normal, dans la mesure où le nombre d’attitudes
possibles pour reprendre l’héritage de rupture de Breton n’est pas extensible à
l’infini. Comment garder vivant cet héritage sans tomber dans le travers qu’un
certain nombre d’esprits lucides perçoivent clairement dès l’entre-deux guerres,
à savoir la récupération inéluctable ? Assez logiquement, Debord va
répéter le geste de Nougé, mais à un niveau moindre, dans le sens où l’articulation
politique chez le premier Debord est assez naïve. Nougé était plus fin au
moment où il a pensé la notion de réécriture révolutionnaire. Par la suite,
bien entendu, le parcours des deux hommes se différencie absolument. »
[Ces extraits sont tirés d’un Entretien avec Paul Aron, Originalité du surréalisme belge, paru
dans le numéro 912 (avril 2005) de la revue Europe
sur Les Surréalistes belges.]
(À suivre)
Plutôt que les commentaires de ce Paul Aron qui frisent le n'importe-quoi, mieux vaut revenir à Geneviève Michel qui traite assez longuement de la question des rapports de Paul Nougé avec le PC dans sa thèse (à partir de la page 153).
RépondreSupprimerhttp://www.tdx.cat/bitstream/handle/10803/4926/gm1de1.pdf
Mon pauvre petit Alex, vous êtes un malheureux imbécile toujours aussi satisfait — on se demande de quoi. Vous renvoyez à la thèse de Geneviève Michel que, me semble-t-il, j’ai signalée mais que vous ne devez pas avoir lu puisque vous brocardez bêtement Paul Aron dont elle dit qu’il est « [p]armi les chercheurs belges […] sans doute celui qui a le plus étudié les avant-gardes belges dans leur engagement socialiste ou communiste ». Un conseil : contentez-vous de faire tourner les platines, c’est moins fatiguant.
SupprimerToujours aussi aimable, ce vieux con Lucarnul !
SupprimerJe pointais ici votre sélection de Paul Aron qui, détachée de son contexte, équivaut à du n'importe-quoi, ne vous déplaise !
Vous êtes un imbécile particulièrement malveillant. Ma « sélection de Paul Aron » consiste en des citations — choisies, certes — qui sont évidemment détachées de leur contexte que j’indique par ailleurs. Vous êtes un spécialiste du mixage approximatif — les affaires ne doivent pas marcher très fort.
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