vendredi 9 décembre 2011

Une lecture alchimique du film de Guy Debord : In girum imus nocte et consumimur igni

Jean-Marc Mandosio a consacré un livre entier, Dans le chaudron du négatif, à repérer et à analyser les références alchimiques dans les écrits situationnistes et plus particulièrement chez Raoul Vaneigem et Guy Debord. Cependant, il ne s’est pas avisé du fait que le film testamentaire de Guy Debord : In girum imus nocte et consumimur igni pouvait se lire comme une métaphore alchimique : c’est ce que je me propose de montrer prochainement.

En attendant, voici un bref aperçu de ce qui sera développé ultérieurement. Passé l’introduction, destinée à faire le vide : récusation de l’époque et de tout ce qu’elle a produit, In girum entre dans le vif du sujet : Debord lui-même. Mais dans l’opus, le sujet (ou l’objet, ce qui revient à la même chose) se doit d’être préalablement travaillé ; la materia prima une fois mortifiée, devenue matière seconde peut alors être mise en œuvre. Dans In Girum, c’est le passage de l’I.L., après épuration, à l’I.S. avec laquelle débute la seconde phase de l’opération dans l’Œuf philosophale hermétiquement celé. Ou pour le dire autrement : l’I.L. constitue l’Œuvre au noir ; avec l’I.S. commence la sublimation de la matière qui s’opère à travers une circulation qui doit être réitérée jusqu’à obtention de la quintessence — c’est là que le savoir faire de l’artiste est primordial : l’esprit trop exalté peut alors s’échapper du matras et toute l’opération est « à recommencer depuis le début ». C’est ainsi qu’au faîte de la gloire l’I.S. disparaît. Tout le travail de Debord dans son film consiste à essayer de ressaisir les différentes phases de cette opération avortée de manière exemplaire dans un théâtre alchimique où sa représentation tournera en boucle pour l’éternité.

On retrouve tout au long du film toute la panoplie des symboles alchimiques : le Feu, — l’artiste est un Philosophe par le feu —, l’Eau — qui est aussi un feu — acqua permanens — ; le Diable, Prince de la division ; le labyrinthe que doit parcourir l’artiste dans sa quête, etc.

Nous reviendrons sur tout cela prochainement. Deo concedente.

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