dimanche 4 décembre 2011

À propos du livre de Jean-Marc Mandosio : Dans le chaudron du négatif et des remarques faites à son sujet par Annie Le Brun / 1

1.
Jean-Marc Mandosio prend soin de placer au début de son livre un Prologue où il s’abrite derrière un « enquêteur » pour exposer la découverte qu’il a faite de la similitude qu’il y aurait entre le début des Commentaires sur la société du spectacle et un traité alchimique du XVIIe siècle : La Somme de la perfection, ou l’abrégé du magistère parfait des philosophes. Par cet « enquêteur » interposé, il prend d’ailleurs la précaution, à la fin de ce Prologue, d’envisager que sa découverte pourrait se révéler n’être qu’une hypothèse fallacieuse : « La parenté qu’il avait cru déceler entre les Commentaires sur la société du spectacle et La Somme de la perfection était peut-être l’amorce d’une piste intéressante. Et même si son hypothèse sur l’utilisation du pseudo-Geber par Debord était fausse […] la question qu’elle avait  permis de poser paraissait mériter une investigation plus approfondie. »

Après ces précautions oratoires, Jean-Marc Mandosio peut entrer dans le vif du sujet qui est moins d’analyser les rapports qu’entretenaient Debord et Vaneigem avec l’alchimie que d’entreprendre un critique de l’I.S. par ce biais-là — et c’est pourquoi un Prologue s’imposait.

Annie Le Brun écrit que s’il faut (au moins) porter au crédit de Mandosio « d’avoir repéré la fonction salvatrice et maquillante de la métaphore alchimique » chez Debord et Vaneigem et donc de dévoiler quelle rôle salvateur elle joue dans la résolution de la contradiction intime qui travaille la théorie situationniste ; elle insiste à juste titre sur le fait que, contrairement aux surréalistes (et à Breton en particulier) si injustement maltraités par les situationnistes, chez Debord et Vaneigem, « concernant l’alchimie, la filiation est d’abord formelle » — on pourrait même ajouter que cette référence alchimique est toujours restée purement formelle autant chez Vaneigem qui en joue plus volontiers que chez Debord qui l’utilise « de manière autrement sophistiquée ». De fait l’alchimie n’est pour eux qu’une métaphore d’autant plus facile et pratique à « mettre en œuvre », que l’alchimie a cette vertu d’une être métaphore universelle et peu donc s’appliquer, avec plus ou moins de bonheur, à tout dans le grand comme dans le petit monde — celui que constituait l’I.S. en particulier qui avait bien du mal à « joindre les deux bouts » : l’excellence de la théorie et une pratique qui avait du mal à la suivre.


(À suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire