Nous examinerons à présent quelle réalité recouvre véritablement l’I.S. de sa création à sa disparition. Qu’était donc cette Internationale situationniste ? La « chose » de Debord, son Golem qui s’est écroulé en poussière lorsqu’il en a effacé le signe sur son front ? Quoi qu’il en soit, il est patent qu’en tant qu’organisation internationale, l’I.S est restée longtemps une fiction (relative) avant de prendre (progressivement) corps. Ce qui existait par contre manifestement, c’était une revue : Internationale situationniste, dirigée par Guy Debord. Il faut rappeler que l’I.S. — l’organisation et la revue —, indépendamment de Debord, doit beaucoup (l’essentiel ? tout ?) à Asger Jorn qui en est l’un des pères fondateurs. Sans son apport (théorique et financier) quelque chose comme une Internationale situationniste n’aurait sans doute pas vue le jour. Si Debord a reconnu en Jorn un « père » qui était aussi un « frère », Jorn a incontestablement trouvé un « fils » (spirituel) et un « frère » (d’arme) en la personne de Debord. Ils étaient faits pour s’entendre ; et c’est cette entente qui ne s’est (quasiment) jamais démentie qui a donnée corps à l’I.S. Indépendamment du fait que Jorn a assuré le financement, de l'I.S., il existait un accord profond entre lui et Debord : il étaient sur la même longueur d’onde. Ce qui explique la fidélité indéfectible de Debord envers l’artiste Jorn ; et inversement le soutient constant de Jorn même après le virage « politique » de l’I.S. décidé par Debord. Mais est-ce que la suite l’a vraiment convaincue ? On peut penser que non. La voie « hyperpolitique » choisie par Debord ne pouvait pas emporter son adhésion : Jorn était fondamentalement un artiste et il l’est resté jusqu’au bout — comme Wolman d’ailleurs, avec qui Debord, non plus, n’a jamais véritablement rompu malgré son exclusion de l’I.L. : « L’un n’exclut pas l’autre. » ; c’est donc logiquement qu’il rend un hommage appuyé aux deux dans In Girum.
(À suivre)
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