mercredi 16 novembre 2011

Stéphane Zagdanski – Portrait de l’artiste en Guy Debord

Stéphane Zagdanski — nous l’appellerons Zag — a écrit un (mauvais) livre sur Debord dont son confrère Yan Ciret — nous l’appellerons Yan — se devait de rendre compte*  Voyons cela. Le livre s’appelle : Debord ou la diffraction du temps, que Yan traduit en : Debord sans temps mort. Déjà le titre de Zag est inepte. Celui que donne Yan à sa chronique lui ressemble comme un (con)frère. De quoi s’agit-il ? En substance d’un exercice de debordolatrie des deux côtés. Légèrement critique chez Yan qui trouve celui de Zag superfétatoire, quoique brillant, puisque celui-ci est réfuté d’avance par le Maître. Mais ce n’est pas pour arrêter Zag qui veut malgré tout faire « le pari » — perdu par avance, donc — « avec Debord sans temps mort, de se mettre en perspective d’assentiment ou de jugement de l’homme et de l’œuvre. » ; pour en arriver, in fine, à conclure son exercice d’admiration  « [m]algré cette clôture du point de vue de l’autre » par cette formule inepte : « Guy Debord a toujours écrit la vérité. » qui mérite certainement d’être gravée dans le marbre.

Il faut être téméraire pour « faire le portrait de quelqu’un qui déclare cette entreprise impossible, puisque lui-même l’avait réalisé de la manière la plus parfaite qui soit », comme l’écrit Yan. Mais qu’à cela ne tienne. En faisant ce portrait, c’est surtout le sien que Zag, qui n’a pas été à l’école de Sollers pour rien, veut faire. Ce qui explique peut-être cette convocation de la Thora que Yan trouve pour sa part un peu too much : « pièce rapportée » pour tout dire. Cela nous vaut cette réflexion inspirée de Zag : « Il y a, profondément ancrée en Debord une passion pour l’Ereignis, un puissant désir de faire advenir une face inédite du temps — sa face plurielle de plénitude : ce que le midrash nomme pour sa part “les soixante-dix visages de la Thora“ (…) » Amen.

C’est ainsi que « Zagdanski, poursuiv[an]t, tout en long, les raisons de son admiration » en arrive « au travers de cette apologie » à produire « un livre qui finit par dérober à Debord ou la diffraction du temps, son sujet, sa vrai destination, lui substituant en filigrane un autoportrait », c’est-à-dire un portrait de l’artiste Zag en Guy Debord. Ce qui nous vaut de la part de Yan une de ces propositions dont il a le secret : « On voit comment l’aporie du jugement se retourne, pivote sur son axe, pour exercer son pouvoir d’attraction — dans une combinaison où la pensée de Debord devient indiscernable de l’autoportrait que Zagdanski fait de lui-même. »
 
Get the picture ?

*nonfiction.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire