L'exemplaire Debord (5)

Pour évaluer ce que fut l’I.S., il convient donc d’abord d’examiner la revue I.S. dont la réalité est avérée par sa parution de 1958 à 1969. Debord en a assuré la direction du début jusqu’à la fin. Concrètement cela signifie qu’« Il dispos[ait]e de la revue (marque déposée dont il est le propriétaire), des archives, de la boîte postale, de la phynance »* ; ainsi : « La réalité de l’I.S. n’a jamais correspondu à l’image que Debord s’efforc[ait] d’en présenter. Groupe apparemment informel, l’Internationale situationniste est en fait fortement structurée, avec son leader, l’Unique, et ses diverses prérogatives soigneusement cachées par l’exigence sans cesse proclamée réelle des membres, de la non-hiérarchie, de la participation, de la communication, de la cohérence, etc. »** Jean-Marie Apostolidès qui cite ces lignes tirées du pamphlet des situationnistes strasbourgeois exclus en 1967 dans son livre Les tombeaux de Guy Debord, ajoute : « Sur ce point, il faut reconnaître que les garnaultins se montraient lucides. ». Et Ralph Rumney, quant à lui, dira que dans cette prétendue « conjurations des égaux » Debord était manifestement plus égal que les autres. On sait que le comité de rédaction des premiers numéros d’I.S. est en grande partie fictif ; c’est Debord qui rédige seul les Notes éditoriales et une bonne partie des articles ; c’est lui qui s’occupe de la mise en page de la revue et son impression ; et c’est lui, évidemment, qui décide du contenu. 

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 */** Pour une critique de l’avant-gardisme. L’Unique et sa propriété, Edith Frey, Herbert Holl, Théo Frey et Jean Garnault, Strasbourg, 1967.

(À suivre)