jeudi 20 septembre 2012

Sur la « découverte palmaire » de Voyer



« L’enfant, à qui on a glissé dans la paume un objet, agitera la main et rapidement se dessaisira de celui-ci avec une moue chagrine, voire des manifestations d’inconfort et des mimiques coléreuses. De même, l’enfant garde les poings résolument fermés lorsqu’il est face à la mère qui tente d’établir des attouchements réciproques des visages et incite son enfant à la découverte palmaire de son propre visage. Là aussi, l’enfant aveugle manifeste un déplaisir au moment où l’enfant voyant est engagé ludiquement à l’endroit de cette rencontre. »

Jean-Adolphe Rondal, Manuel de psychologie des handicaps : Sémiologie et principes de remédiation.

La « découverte palmaire » est donc une découverte faite par un (grand) enfant aveugle qui palpe avec opiniâtreté les objets qu’il rencontre autour de lui avec la paume de ses (petites) mains. Il est à noter que le même résultat peut être obtenu avec les pieds.

Voyer a donc beaucoup tâtonné — son Manuscrit de 1975 compte près de 2000 pages — avant de pouvoir circonscrire avec toute la précision voulu son objet ; mais, enfin, il y est arrivé : « La valeur est un échange effectué en pensée ou, au choix, la pensée d’un échange. “Le rapport dans lequel s'échangent les produits du travail est l'échange lui-même ! La valeur n'est que l'idée de ce rapport.” » C’est une définition qui vaut ce qu’elle vaut ; et que Voyer n’échangerait pour rien au monde — on le comprend.

On fera simplement fera remarquer que pour échanger, il faut évidemment avoir l’idée de l’échange. Et qu’on peut échanger des choses qui ne valent rien. Cela dit la définition de Voyer est intéressante en ce qu’elle met le doigt (et même les autres et toute la paume de la main) sur le fait que dans notre monde c’est l’échange qui crée la valeur et que, de ce fait, ce qui ne peux s’échanger — pour quelque raison que ce soit — n’a plus aucune valeur.

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