vendredi 13 janvier 2012

De l’eau au moulin


Les éditions Allia toujours à l’affut de la nouveauté rétrospective ont republié, en 2008, l’article de René Alleau sur l’Alchimie, paru en 1968 dans l’Encyclopedia Universalis. Celui-ci est préfacé par un ami de « la famille » : Michel Bounan qui écrit fort justement :

[…] / Cette appréhension originale du monde et de soi-même, de leurs relations réciproques, des correspondances secrètes liant leurs mouvements et leurs rythmes, consignée dans des formes verbales adéquates, a toujours appartenu, nul ne l’ignore, au domaine de la Poésie. On ne s’étonnera donc pas que dans une civilisation qui a relégué la Poésie à un rôle purement décoratif, d’authentiques poètes, pour qui leur art avait une toute autre portée, aient été fascinés par l’alchimie, de Nerval à Rimbaud et de Villiers de l’Isle-Adam à André Breton, entre autres. Plus généralement, on pourra observer que des auteurs, parmi les plus critiques des idéologie de leur temps, Rabelais, Cervantès, Cyrano de Bergerac, Swift, pour ne nommer que les plus célèbres, se sont largement inspirés du mode connaissance alchimique et même de son mode d’expression. / On ne devra pas s’étonner non plus que des gens qui ont entrepris de “changer le monde et la vie” à partir d’une conception du monde et de la vie fort éloignée de l’actuelle rationalité marchande, aient reconnu dans les formulations élaborées par les alchimistes des figures et un langage qu’ils avaient eux-mêmes conçus pour leur projet particulier. On sait qu’au XXe siècle, des surréalistes, déçu par les constructions freudiennes, se sont laissés plus justement émerveiller par les élaborations formelles de l’alchimie traditionnelles. Plus tard encore, d’autres voyageurs qui cherchaient “le passage au nord-ouest de la géographie de la vraie vie” à travers des “dérives” urbaines et une “psychogéographie” à réinventer, n’ont pas méprisés non plus les images ni le vocabulaire des ouvrages de l’alchimie ou des légendes qui s’en étaient inspirées. Après tout, c’était la poésie moderne qui les avait menés là. / […]

C’est à la fois bien dire et trop peu. Aussi, je me permets de suggérer aux industrieuses éditions Allia de publier sans tarder : Une lecture alchimique d’In girum imus nocte et consumimur igni, dont je suis en train de terminer une édition corrigée et augmentée.




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