lundi 5 septembre 2011

Ciret le Flamboyant - Suite et FIN (Publicité)

Le lecteur aura pu apprécier dans la première partie de cette anthologie quelques échantillons remarquables du style-Ciret : un verbiage pseudo-théorique qui se consume de lui-même à mesure qu’il s’échauffe et dont il ne reste pour finir que des cendres. C’est donc fort logiquement que son exposé se poursuit par l’évocation d’une œuvre de Debord qui n’existe pas puisque celui-ci l’a fait détruire par le feu — comme il se doit — : l’Apologie.

Cela donne ça :

Il n’y a donc là aucun hasard, mais une préméditation logique, à ce que l’Apologie devenue cendres, par la grâce d’un autodafé, soit l’aboutissement, non plus d’un passage de l’œuvre dans la vie, mais bien l’inverse symétrique, le dépassement de la vie suicidée en toute conscience, dans une œuvre ainsi parachevée par son capolavoro.
[…]
L’œuvre se signe, une fois de plus par sa « décréation », sa via negativa « ce qui est n’est pas, ce qui n’est pas est », sa dernière Apologie incendiée ne déroge pas à ce mode ablatif, elle le pousse justement à ses conséquences extrêmes.
[…]
Il faut donc bien comprendre qu’Apologie n’est pas un projet inaccompli, mais la synthèse d’une œuvre qui unit ces deux pôles, le bûcher et le testament.
[…]

N’hésitant pas à comparer ensuite l’Apologie inexistante à Hurlements en faveur de Sade le Cireur illuminé — shine on ! Yan, shine on ! — écrit :

Le parallèle avec Apologie est rigoureusement identique dans les moyens, ainsi à la succession de plans blanc et noir de ce film monochrome […] correspond en miroir la destruction du manuscrit apologétique.

Appelant finalement à la rescousse les Chinois et le Livre des Mutations, Le Flamboyant termine son exposé par cette fusée :

Le potlatch d’Apologie n’est pas seulement malédiction, nihilisme, mais aussi en même temps : « La mutation qui s’épuise ne peut se convertir en son alternative (bian) ; se convertissant, elle ne peut qu’aboutir partout (tong) ; aboutissant partout, elle ne peut que perdurer. » Le sceau de signature, en caractère de calligraphie chinoise, que Debord imprime à la fin de Panégyrique Tome second, s’applique à la traduction future de ses livres. Mais cette mutation particulière de l’œuvre, ainsi signée, en dissimule une autre plus vaste. Elle nous dirige vers une autre origine « à reprendre depuis le début » […] ; les commencements d’une éternité, désormais ouverte sur l’infini des lectures possibles, de ce grimoire du Diable, qui nous regarde au-delà de la fin des temps.

Putain ! ça fout les j’tons. — heureusement qu’on a pris la précaution de marquer* le notre.

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*Je marque mon jeton à ce jeu de la vie où nous perdons coup sur coup et où le Diable, pour en finir, rafle joueurs, dés et tapis vert.

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