Prologue au désert
Quand on veut atteindre la terre, il faut pointer ses canons vers le ciel.
La dernière opération de subversion avait échoué. Une erreur de manipulation et l’Esprit s’était envolé. Comme l’oiseau de Minerve aveuglé par la lumière du jour, il tournait en rond dans la Nuit.
Il fallait revoir toute la préparation. Reprendre le tout depuis le début. Encore une fois.
*
Dans les années qui suivirent la dispersion nombreux furent ceux, parmi les nobles voyageurs, qui, désorientés, s’égarèrent sans retour dans les déserts stérilisés du Vieux Monde. Ils sont morts de soif et d’épuisement. Perdus à jamais.
Certains — qui peut-être ne furent pas les plus chanceux — avaient pu trouver le refuge précaire d’une Oasis.
Un long temps avait passé — comme la caravane qui chemine vers l’oubli, au rythme lent du pas des chameaux.
Et voilà qu’elle revenait comme chargée d’un Trésor, du plus lourd de leur souvenir, se rappeler à la Mémoire.
*
Le bruit courut comme une traînée de poudre parmi les Exilés qu’un nouveau rendez-vous avait été fixé. Quelques-uns, qui semblaient spécialement destiné à être réveiller, disaient en se regardant, l’air effaré de ceux qui sortent du Long Sommeil :
Que nous est-il arrivé ? Qu’avons-nous fait durant le temps que tout est devenu si mauvais ? Nous avons laissé faire… — « J’ai laissé faire le temps, j’ai laisser perdre ce qu’il fallait défendre. »
*
Ils furent les premiers à reprendre la Route.
(À suivre)
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