jeudi 6 décembre 2012

« La boisson et le diable ont expédié les autres. » – Intermezzo




On vit en chantant des chansons,
On meurt en buvant des boissons.
Charles Cros


Oui, on meurt des boissons, mais pas tout de suite, il y a même des cas où l’on en vit longtemps. Je veux dire où l’alcool finit par constituer plus qu’une habitude : une technique de vie. / La sagesse populaire, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, estime que l’on boit pour oublier. / Tous les buveurs n’étant pas sortis du même tonneau, il serait sans doute intéressant d’aller y voir de plus près. Cela permettrait par exemple de classer les dipsomanes en différentes catégories. […] nous nous bornerons à en citer une, celle à laquelle appartiennent les héros d’Antoine Blondin, et peut-être Antoine Blondin lui-même : ceux qui boivent pour attendre.*

À quelle catégorie appartenait Debord ? Une question qui n’intéresse apparemment personne. Son alcoolisme va de soi : il fait partie du personnage. Dans le synopsis de Critique de la séparation, on peut lire : « Combien de bouteilles depuis lors ? Dans combien de verres, dans combien de bouteilles s’était-il caché, seul depuis lors ? », phrase qui accompagnait une vignette de bande dessinée représentant un homme tenant un verre, et qui a disparu dans le film.

Dans l’interview de Michèle Bernstein par Pierre Dumayet à propos de son livre : Tous les chevaux du roi, elle lui répond, sur le sujet de la boisson, avec la désinvolture insolente de la jeunesse :

– On boit beaucoup dans votre livre aussi. / – Ah oui, y boivent ! / – Ça fait partie des choses que font les personnages de roman aussi, non ? / – Non, mais les miens ils boivent tout le temps… Mais ils boivent bien… [….] ; et puis ils boivent avec élégance, après ils ne sont pas très ivres.

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* Jacques Bens, Préface aux œuvres d’Antoine Blondin, Bouquins.

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