On vit
en chantant des chansons,
On
meurt en buvant des boissons.
Charles Cros
Oui, on meurt des boissons, mais pas tout de
suite, il y a même des cas où l’on en vit longtemps. Je veux dire où l’alcool
finit par constituer plus qu’une habitude : une technique de vie. / La
sagesse populaire, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, estime que
l’on boit pour oublier. / Tous les
buveurs n’étant pas sortis du même tonneau, il serait sans doute intéressant
d’aller y voir de plus près. Cela permettrait par exemple de classer les
dipsomanes en différentes catégories. […] nous nous bornerons à en citer une, celle
à laquelle appartiennent les héros d’Antoine Blondin, et peut-être Antoine
Blondin lui-même : ceux qui boivent
pour attendre.*
À quelle catégorie appartenait Debord ?
Une question qui n’intéresse apparemment personne. Son alcoolisme va de soi :
il fait partie du personnage. Dans le synopsis de Critique de la séparation, on peut lire : « Combien de
bouteilles depuis lors ? Dans combien de verres, dans combien de bouteilles
s’était-il caché, seul depuis lors ? », phrase qui accompagnait une
vignette de bande dessinée représentant un homme tenant un verre, et qui a
disparu dans le film.
Dans l’interview de Michèle Bernstein par
Pierre Dumayet à propos de son livre : Tous
les chevaux du roi, elle lui répond, sur le sujet de la boisson, avec la désinvolture
insolente de la jeunesse :
– On boit
beaucoup dans votre livre aussi. / – Ah oui, y boivent ! / – Ça fait
partie des choses que font les personnages de roman aussi, non ? / – Non,
mais les miens ils boivent tout le temps… Mais ils boivent bien… [….] ; et
puis ils boivent avec élégance, après ils ne sont pas très ivres.
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* Jacques Bens, Préface aux œuvres d’Antoine Blondin, Bouquins.
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