Il est indubitable que la recomposition de
l’I.S. (après la « purge » de 1962) dont on vient d’avoir un aperçu
partiel, si elle a permis un d’élargissement numérique notable de
l’organisation — qui culminera après 68 : on peut se reporter, pour s’en
faire une idée, à la photo qui montre l’effectif au grand complet lors de la
VIIIe conférence de Venise fin 1969 —, sur une base sociologique presque
exclusivement « étudiante », ne saurait en aucun cas être considérée
comme un « progrès ». — quand bien même on considérerait la révolte
de mai 68 comme l’apothéose de l’I.S. et de se idées. Il ne faut pas oublier
que l’émergence de la jeunesse comme catégorie sociologique porteuse des
révoltes futures était « prophétisée » par Isou dans ses Manifestes du soulèvement de la jeunesse
— qui dans son jargon était nommée l’« externalité ».
En 1968 l’I.S. est visiblement en bout de
course. Debord reconnaîtra lui-même que tout le travail théorique avait fini
par lui incomber ; et que c’est lui qui avait dû assurer l’essentiel de la
rédaction du douzième et dernier numéro de la revue. Le treizième ne verra pas
le jour : les situationnistes qui en avait la charge se montrerons
incapables de produire ne serait-ce qu’un paragraphe qui soit acceptable. Debord
en tirera logiquement la conclusion qu’il valait mieux fermer boutique.
Seulement, nonobstant, le compte-rendu de liquidation de l’I.S. parut sous le
titre de : La Véritable scission
dans l’Internationale, etc. est curieusement triomphaliste. À en croire Debord
et Sanguinetti (mais là aussi l’essentiel du travail a été fait par Debord) L’I.S.
aurait « fait son temps », au sens plein du terme ; et les
« situationnistes » étant désormais partout, elle n’avait plus qu’à
se « ranger des voitures » — et à les regarder brûler — en attentant
la brillante suite qui ne devait pas manquer de venir parachever le travail. On
a vu ce qu’il en était.
Évidemment, le travail d’Eric Brun, qui se
veut purement sociologique, n’aborde pas cet aspect de la question ; mais
il donne les éléments qui permettent de porter un jugement — ce à quoi se refuse encore manifestement certains ;
on se demande bien pourquoi.
(À suivre)
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