Nous sommes arrivés, tant bien que mal, à la
fin du travail d’Eric Brun. Nous pouvons à présent revenir au début — et aux
débuts de l’I.S. aussi bien. Interrogé sur Debord en 1996 sur France Culture,
Marc’ O. disait : « Je l’ai rencontré à Cannes ; je crois que
c’était en 1950-51. J’étais à Cannes pour présenté le film d’Isou – parce
qu’Isou n’était pas là. Le film étai présenté dans la grande salle par
Cocteau ; et j’étais là, et Debord qui était encore lycéen est venu me
voir parce qu’il avait entendu parler des lettristes. Il était très féru, comme
ça, de littérature d’avant-garde, Breton, etc. Et c’est là où je l’ai
rencontré, où je l’ai vu pour la première fois. Et c’était l’année où il devait
passer son bac, voilà. D’ailleurs, ce qui est très intéressant si on veut parler
de Debord, c’est de parler… Je pense, c’est très important de connaître
quelqu’un au début ; parce que, comme on dit dans la théorie du chaos, les
conditions initiales sont là – et bien sûr ; après il a beaucoup évolué,
dans sa pensée, dans ce qu’il voulait faire : mais déjà y avait quelque
chose qui était là, complètement spécifique à lui, et qui était
intéressant. »
De : « Nous irons plus loin sans
avancer jamais. » à « In girum
imus nocte et consumumimur igni », on retrouve chez Debord cette même
image du cercle, qu’il faut parcourir, inlassablement — jusqu’au bout :
mais où se trouve la fin d’un cercle ? Lorsqu’on a fini par se persuader que
la boucle est bouclée, pour continuer à « avancer », il faut passer à
un autre cercle. Mais, sort-on jamais du cercle de l’Enfer ? (« C’est
aujourd’hui, demain, demain, et puis demain. “Je marque mon jeton à ce jeu de
la vie où nous perdons coup sur coup et où le diable, pour en finir, rafle joueurs,
dés, et tapis vert.” »).
Le cercle des avant-gardes s’est refermé avec
(et sur) l’I.S. À ceux qui veulent s’y maintenir et le parcourir encore, il ne
reste que la répétition, ad nauseam, du chemin qui a déjà été parcouru par
d’autres — et l’exploitation, plus ou moins roublarde, des fragments qui
jonchent les bas-côtés. (Un jour Marcel Duchamp est parti sur son grand cheval :
Marcel, pourquoi les as-tu abandonné ?)
(À suivre)
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