mercredi 7 novembre 2012

Le long voyage des Argonautes / 4




Tout voyage est circulaire. À peine est-on parti que l’on se trouve déjà sur le chemin du retour. Dans le voyage, il y a certes un but ; mais ce qui compte c’est le chemin vers ce but.



Kafka a pu écrire : il y a un but ; mais il n'y a pas de chemin. On pourrait retourner la proposition et dire : quand il y a un chemin, il n’est pas besoin de but. Ou bien : c’est le chemin qui est à lui-même son propre but. Ce qui importe, c’est la circulation.



*



Il est temps, à présent, d’embarquer avec les Argonautes pour le long voyage.





Apollonios de Rhodes, Les Argonautiques. / Chant I / Notice / L’escale de Lemnos.



[…]

L’idylle passagère de Jason et Hypsipylé* préfigure sa rencontre avec Médée. C’est Aphrodite qui mène le jeu dans les deux cas. […]

[…]

C’est revêtu d’un voile noir offert par Hypsipylé que Jason accomplira les rites nocturnes qui lui permettront de vaincre en Colchide les taureaux et les fils de la Terre. […]

[…]

La « vulgate » mythologique attribue aux Lemniennes la faute première : « Elles n’honoraient pas Aphrodite et celle-ci les avait affligées d’une odeur repoussante (dysosmie) ; aussi leurs époux s’en allèrent-ils prendre des captives dans la Thrace voisine et en firent leur concubines. » […]



 ____________________


*Les hommes, en effet, avaient répudié leurs femmes légitimes qu’ils avaient prises en haine ; au contraire, ils éprouvaient un violent amour pour les captives qu’ils ramenaient eux-mêmes de leurs pillages de Thrace, sur la côte opposée : c’est la terrible colère de Cypris qui les poursuivaient parce qu’ils ne l’avaient honorée d’offrandes depuis longtemps. Ô malheureuses, tristes victimes d’une insatiable jalousie ! Non contentes de tuer avec ces captives leurs maris dans leur lit, elles détruisirent en même temps tout le sexe mâle pour n’être pas châtiées plus tard de leur crime atroce. Seule entre toute, elle épargna son vieux père, Hypsipylé, fille de Thoas qui régnait sur le pays […].



(Extrait du Chant I.)





(À suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire