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Pour être célèbre il faut être reconnu. Je ne trouve pas célèbres les célébrités que je ne reconnais pas. / Or c’est en reconnaissant une célébrité qu’on lui confère un peu se sa reconnaissance. Celui qui reconnaît une célébrité joue donc comme facteur de reconnaissance de la célébrité. / D’où il découle que c’est le public qui instaure la célébrité. / Or si la célébrité nous aliène, nous concluons que nous sommes les artisans de notre aliénation.
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C’est la dévotion qui invente l’idole. / Le spectateur fonde le spectacle. Le spectacle fonde le spectateur. Le spectateur se nourrit du spectacle. Le spectacle se nourrit du spectateur. Sans spectateur point de spectacle. Sans spectacle point de spectateur. Mais le spectateur est supérieur au spectacle en ce sens que le spectacle sans spectateur ne peut advenir, alors que, par la seule vertu de son regard, le spectateur rend spectaculaire ce qu’il regarde, admire, applaudit. Dit autrement c’est le regard du spectateur qui fonde le spectacle.
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Le monde se partage entre regardants et regardés, ou, dit autrement, entre passifs (les regardants) et actifs (les regardés). Le monde est donc ce qui est regardé. Ce qui n’est pas regardé n’existe pas.
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La prolifération des images conduit à leur disparition.
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Prendre un pseudonyme peut se traduire par : « se soi-disant nommer », c’est-à-dire s’attribuer un autre nom, se « renommer ».
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La représentation ne soustrait pas à la réalité si la réalité consiste à être représentée.
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Jean-Michel Espitallier, De la célébrité, Théorie & Pratique, 10 18.
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