jeudi 28 juin 2012

En marge de : Debord à Venise / 4


« Nous, nous avons beaucoup d’orgueil, mais pas celui d’être Rembrandt dans les musées. », entendait-on dire à Debord au début d’un de ses premiers films. Dans son film testamentaire : In girum nocte et consumumur igni, il place, pour finir, à la suite de quatre portraits photographiques (cinq en fait puisqu’il y en a deux à l’âge de vingt-sept ans) de lui, respectivement à : vingt, vingt-sept, trente et un et quarante cinq ans, le dernier autoportrait de Rembrandt.

[Debord à vingt ans]
 [Debord à vingt-sept ans / 1]

[Debord à vingt-sept ans / 2] 
[Debord à trente et un ans]
[Debord à quarante-cinq ans]


Il faut noter les deux photos de Debord à vingt-sept ans — dont une en « cinéaste ». Dans son Tryptique pour Albrecht Dürer, Françoise Bonardel donne, à propos d’un autoportrait de Dürer à 28 ans, la citation suivante : « “Selon la division médiévale traditionnelle des époques de la vie, cela représente la transition entre la jeunesse et la maturité. D’après Isidore de Séville, c’es à vingt-huit ans qu’un jeune homme, sorti de la jeunesse mais non encore marqué par le déclin, est en possession de sa plus grande force, intelligence, rectitude morale et beauté physique, et peut entrer dans le monde pour l’honneur et la gloire. […] »

Il faut noter aussi que le portrait de Debord qui précède le dernier autoportrait de Rembrandt est une photographie de son visage prise dans un miroir et que c’est donc une image inversée qui nous est donnée à voir ; une image depuis l’autre côté du miroir, pourrait-on dire ; une image de l’au-delà. On remarquera aussi que si Debord ne se regarde pas dans ce miroir ; il ne regarde personne, il ne regarde rien : il a le regard perdu.

Toujours à propos de Dürer, Françoise Bonardel fait la réflexion suivante : « Est-il “aspect” plus digne d’attention de la part d’un peintre que l’image réfléchie de soi dans un miroir où surprendre le secret de son rapport intime à soi-même, indiscociable de celui entretenu avec le monde et avec Dieu ? » — en ce qui concerne Debord, il faut évidemment enlever Dieu ; mais il reste de Diable et le Chevalier — la Dame a été écartée du jeu ; et la Mort est en embuscade.

(À suivre)

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