jeudi 18 avril 2013

Un inédit de Guy Debord



Je donne ici la transcription fidèle d’une fiche de lecture de Guy Debord qui a échappé au tri sélectif qu’il a opéré dans ses archives avant qu’elles ne soient fourguées à la BnF. Elle aurait été retrouvée entre les pages d’une bible de Port-Royal lui ayant appartenue — perdue au cours d’une dérive ? —; achetée à un bouquiniste des Quais par un Kabyle illettré qui l’a prise pour un Coran ; qui s’en est débarrassé lorsqu’on lui a appris que c’était là le Livre des Infidèles, en le revendant fissa sur le Boul’ Mich’ à un quidam qui tient à garder l’anonymat. Celui-ci a eu la surprise d’y trouver le précieux document autographe qu’il conserve jalousement. Il m’en a néanmoins fait parvenir une copie. Bien que ce ne soit pas le facsimilé souhaité, je la livre cependant en toute confiance au public tant les citations choisies porte la marque de Debord. Si toutefois, il s’agissait d’un faux, force serait de reconnaître qu’il présente toutes les apparences de la vérité —ne peut-il pas se faire aussi que le faux soit un moment du vrai ?


Fiche de lecture, article : Canon du Dictionnaire de plain-chant de Joseph d'Ortigue

Pour répondre à la curiosité du lecteur, nous mentionnerons ici le genre de canon appelé énigmatique : « C'est un canon dont on n'écrit souvent que le sujet ou antécédent, en indiquant par quelque signe ou devise, le nombre de voix dont le canon se compose, et la manière de le résoudre. Un canon écrit s'appelle canon fermé ou énigmatique. Lorsqu'il est résolu et mis en partition, on lui donne le nom de canon ouvert. Ces sortes d'énigmes furent en vogue pendant toute la durée du XVIIe et XVIIIe siècle ; c'était des espèces de défis que les compositeurs faisaient aux musiciens les plus habiles, et chacun les enveloppait d'autant d'obscurité qu'il le pouvait ; l'un faisait consister son mérite à cacher le sens de son énigme, et l'autre attachait sa gloire à la deviner. » (Fétis)

*

En voici [une] qui [est] significative […]. C’est le canon rétrograde qu'on exécutait en retournant le livre :


*

Mais tout cela n'est pas de l'art. Ce sont des exercices utiles sans doute à familiariser les élèves avec les combinaisons de la science ; malheureusement, on leur persuade trop, et ils sont trop enclins à se persuader eux-mêmes que c'est là le vrai but de leurs études, et qu'ils sont de grands génies parce qu'ils ont appris à retourner un sujet de cent manières ; tandis que toutes ces choses ne devraient être regardées, comme dit M. Fétis, que comme ces semelles de plomb que les anciens attachaient aux pieds des coureurs pour les rendre plus agiles lorsqu'ils se retrouveraient tout à coup débarrassés de ce poids incommode.

*

Tous les grands compositeurs anciens ont fait des canons, des énigmes, comme les grands poètes ont pu faire des jeux de mots et des logogriphes. Et il est arrivé souvent qu'on a plus parlé d'un homme à cause de ses énigmes et de ses logogriphes qu'à cause de ses œuvres.

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Note pour le « Quichotte » (décembre 77) :

Thèmes, liste des détournements, citation → liaisons.

L’Eau, le Feu (la Terre, l’Air) → rotation : « eternel retour » → in girum (« nocte consumimur igni »).

La spirale (du Temps) « qui vue dans l’axe apparaît comme un cercle ».

*

Étonnant, non ?
 

20 commentaires:

  1. Encore en retard, Rantanplan !
    http://lexomaniaque.blogspot.fr/2013/04/un-inedit-de-guy-debord.html

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    1. Mon pauvre Alex, vous êtes tellement prévisible : vous réagissez toujours au stimulus ; mais vous ne comprenez décidément rien à rien.

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  2. Mon cher Rantanplan,

    Vous avez beau ronger l'os en plastique que vous avez déterré grâce à votre flair légendaire, votre hypothèse du canon rétrograde est une (dé)construction idiote basée sur une information fausse : l'anacyclique "In girum imus nocte et consumimur igni" NE SE TROUVE PAS, littéralement, dans votre bible de référence puisque chacun peut y lire p. 193-194 :

    « En voici trois qui sont significatives en ce que les lettres forment les mêmes mots, soit qu’on les lise de gauche à droite ou de droite à gauche. C’est le canon rétrograde qu’on exécutait à rebours en retournant le livre :
    Signa te signat emere me tangis et angis.
    Roma, tibi subito motibus ibit amor.
    In girum imus noctu ecce ut consumimur igni. »

    Cher Rantanplan, votre géniale trouvaille n'en est pas une mais vous aurez droit à une médaille pour avoir déterré un beau nonosse en plastique : il faut savoir récompenser les bonnes volontés, même stupides.


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    1. Mon pauvre petit Alex, il ne vous-même est pas venu à l’idée que l’on peut supprimer le ecce sans problème pour retrouver le palindrome tel que l’utilise Debord. C’est évidemment ce qu’il a fait. Cela rend en même temps la recherche plus délicate. Vous ne comprenez rien parce que vous êtes un imbécile. Retournez donc à vos bandes dessinées.

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  3. Ter repetita

    Certains de mes amis me disent que je devrais mieux vous expliquer en quoi vous vous trompez.
    Aussi, vais-je reprendre depuis le début :
    Vous avez trouvé dans le "Dictionnaire liturgique, historique et théorique de plain-chant et de musique d'église au moyen âge et dans les temps modernes", par Jacques d’Ortigue, p. 193-194, le vers anacyclique suivant :

    « In girum imus noctu ecce ut consumimur igni »

    (visible sur Gallica, et chacun pourra vérifier que vous ne reproduisez pas exactement ce vers et que vous commencez à truquer vos sources).
    Vous avez alors conclu que Debord avait trouvé là le titre de son film, et cela vous a donné la piste interprétative du canon fermé ou énigmatique comme solution de l’énigme que serait, selon vous, son film.
    Ce faisant, vous ne vous êtes pas posé la question de savoir pour quelles raisons Debord aurait transformé le palindrome « In girum imus NOCTU ECCE UT consumimur igni » en celui-ci : « In girum imus nocte ET consumimur igni » ? Pour brouiller les pistes ? Allons soyons sérieux ! Debord a assez souvent dévoilé les origines de ses détournements, vous pouvez le vérifier par vous-même…
    La seule explication évidente est que CE N'EST PAS DANS CE LIVRE que Debord a trouvé son palindrome-titre.
    Il a donc pu le trouver ailleurs et, par exemple, dans une "Histoire universelle", par Cesare Cantù, Firmin Didot Frères (2e édition 1858), volume 3, notes additionnelles aux poésies difficiles, p. 432, où chacun peut lire (il est aisément visible sur googlebooks) :

    « On dit des démons :
    In girum imus nocte, et consumimur igni;
    ce qui peut être lu de gauche comme de droite.»

    Passage qui a l’avantage indéniable d’être, à la virgule près, le titre de Debord.
    Ah bien sûr, cela mets à bas votre hypothèse du canon rétrograde comme clef de lecture de ce film, et c’est pour cela que vous ne voulez pas l’admettre !
    Mais c’est ainsi.
    Et pour ma part, il ne m’étonne guère que les démons tournent en rond dans la nuit et soient dévorés par le feu – ça change des explications fumeuses sur les papillons de nuit tournant autour d’une lampe à huile !

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    1. L’hypothèse de départ est que Debord a voulu dissimuler sa source parce qu’elle donne la méthode de construction et de lecture de son film « difficile » ; par conséquent il a introduit un leurre. Si on fait une recherche avec : in girum imus nocte et consumimur igni utilisé par Debord, on trouve plusieurs références dont celle que vous citez avec les « démons » — que vous préférez aux « papillons » — mais on n’a pas la méthode. Ce palindrome s’écrit aussi in girum imus nocte ecce et consumimur igni et constitue alors un hexamètre dactylique. Dans l’article Canon du Dictionnaire d’Ortigue, on trouve effectivement in girum imus nocte ecce ut consumimur igni qui ne constitue pas un palindrome — on peut d’ailleurs penser que le ut est une coquille puisque les deux autres exemples donnés sont bien des palindromes ; de toute façon la matière même de l’article donne à penser — pas à vous, manifestement. Vous écartez donc cette source parce qu’on n’y trouve pas le palindrome et vous allez voir ailleurs sans lire plus avant parce que vous êtes un imbécile. Retournez voir vos amis qui doivent être aussi cons que vous.

      (Pour votre gouverne je ne « truque » pas mes sources puisque je les que les donne — le « et » à la place du « ut » est un lapsus qui a valeur de correction.)

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    2. Votre hypothèse de départ ne gît que dans votre tête obtuse.
      Le texte EXACT de Jacques d’Ortigue – que vous n’arrivez décidément pas à citer correctement une seule fois ! – est :
      « In girum imus NOCTU ECCE UT consumimur igni »,
      ce qui est un palindrome sans aucune coquille !
      (Allez donc le relire sur Gallica.)
      Vous inventez des coquilles pour le besoin de votre hypothèse, mais une hypothèse qui a besoin de coquille pour exister n’est pas une hypothèse crédible.
      Voilà une évidence que vous devriez comprendre.
      D’autre part, le film de Debord n’est pas aussi «difficile» que vous le croyez (et voulez nous le faire accroire) : ce que vous ne comprenez pas dans ce film est à la mesure exacte de ce que vous n’avez pas compris dans votre vie.

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  4. Questions subsidiaires

    A votre avis, quelles sont les différences et les similitudes entre les trois palindromes suivants ?

    1. In girum imus noctu ecce ut consumimur igni (cité dans l'ouvrage de Jacques d’Ortigue, visible sur gallica.fr).
    2. In girum imus nocte, et consumimur igni (cité dans l'ouvrage de Cesare Cantù, visible sur books.google.fr).
    3. In girum imus nocte et consumimur igni (titre du film de Guy Debord).

    Pouvez-vous désigner ceux qui ont la plus forte similitude ?

    En considérant le palindrome 3, pouvez-vous dire de quel autre palindrome celui-ci se rapproche le plus ?

    Les 4 membres inscrits à ce blog pourraient-ils aider son tenancier à trouver les bonnes réponses ?

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    1. Mon pauvre petit Alex, vous avez raison au moins sur un point : je cite mal le palindrome d’Ortigue. C’est un malheureux lapsus (à répétition) — certainement révélateur du fait que vous avez réussi à me fatiguer. Et il n’y a donc pas de coquille. Dont acte. Ce qui n’empêche pas que vous soyez un imbécile. Cela dit, ça ne change rien à ce que j’écrivais précédemment. Si Debord a voulu dissimuler sa source, il a évidemment modifié le palindrome d’Ortigue — il a certainement pu rencontrer la formulation qu’il utilise ailleurs mais sans le contexte particulier qui est le sien chez Ortigue. Quand au film « difficile », c’est Debord lui-même qui le dit : « On m’avait parfois reproché, mais à tort je crois, de faire des films difficiles : je vais pour finir en faire un. » — je pense que je cite correctement ? Vous êtes un petit branleur qui pinaille ; mais vous ne pouvez pas lire : vous êtes sourd — et lourd : vous ne comprenez rien. Retournez à vos BD ; et cessez de me faire perdre mon temps.

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    2. Parce que mes dernières remarques vous fatiguaient, semble-t-il, vous dites que vous avez mal écrit le palindrome figurant dans l’ouvrage de Joseph d’Ortigue (que vous osez présenter ci-après comme un auteur du XVIIe siècle, « période affectionnée par Debord », alors qu’il vécut au XIXe de 1802 à 1866 !) mais cette prétendue fatigue est purement de circonstance puisque le mardi 12 février vous truquiez – déjà ! – vos sources :
      « Pourtant, c’est bien Sidoine Apollinaire qui devait me mettre sur la voie. En effet en faisant une recherche avec les mots-clés : Sidoine Apollinaire / in girum imus nocte ecce, je suis tombé sur un fichier contenant à la fois la Nouvelle Encyclopédie Théologique de l’Abbé Migne et le Dictionnaire de Plain-Chant de Joseph d’Ortigue. En poursuivant les recherches sur ce fichier avec les mots-clés précédemment cités, on ne trouvera aucune corrélation entre Sidoine Apollinaire et le palindrome ; par contre si l’on cherche uniquement avec : in girum imus nocte (ecce) et consumumir igni, on tombe sur l’article Canon du Dictionnaire de plain-chant où il sert à illustrer le « canon énigmatique » ou « canon rétrograde ». On peut raisonnablement penser que c’est là que Debord a trouvé, non seulement son palindrome mais aussi la méthode de construction de son film — le Dictionnaire d’Ortigue date du 17e siècle, période affectionnée par Debord. A-t-il ignoré volontairement l’adverbe ecce pour que l’on puisse remonter moins facilement jusqu’au Dictionniare, c’est probable. »

      http://xlucarno.blogspot.fr/2013/02/in-girum-la-lumiere-du-canon-retrograde_12.html

      Allez Rantanplan, ôte tes moustaches, on t'a reconnu : t'es juste un besogneux truqueur !

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  5. Vous délirez une fois de plus et vous inventez des histoires : « Si Debord a voulu dissimuler sa source, il a évidemment modifié le palindrome d’Ortigue ». Pourquoi dissimuler sa source et la modifier, et pourquoi donc Ortigue ? vous croyez qu'il est le seul auteur du XIXe siècle à citer ce palindrome ? Je vous ai déjà indiqué trois autres sources – il en existe d'autres – mais ce sont peccadilles pour un théoricien de votre calibre.

    Ah, c'est vrai, j'oubliais que Debord a fait tout cela pour que vous, Rantanplan, au flair si célèbre, puissiez enfin percer le mystère de son film «difficile» (vous êtes bon public) par la théorie ô combien fumeuse du canon rétrograde d'Ortigue…

    Bon, vous voilà fatigué et de nouvelles recherches vous appellent, bâties elles aussi sur le vent qui souffle sous votre crâne : courez-y donc et, surtout, faites-nous encore rire !



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    1. Arrêtez la pinaille, mon petit Alex, vous allez vous faire du mal. Cela dit le Dictionnaire d’Ortigue est bien du XlXe siècle : c’est écrit dessus. Cependant, concernant le « canon énigmatique », on peut y lire ceci : « Ces sortes d’énigmes furent en vogue pendant toute la durée du XVIe et XVIIe siècle. » Vous êtes un malveillant imbécile.

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  6. Puisque nous en sommes aux mots doux, Rantanplan, vous truquez vos sources, vous les arrangez à votre sauce puis vous divaguez, tout fiérot de votre trouvaille en toc.
    Vous n’êtes qu’un pesant cuistre et nous rions de vous !

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  7. Un petit dernier, pour la route
    Un ami me rappelle que Debord avait un goût prononcé pour la musique baroque. Dans ses films, on peut entendre Couperin, Bodin de Boismortier, Michel Corrette…
    On y trouve aussi un certain jazz (Whisper not), et dans sa correspondance, il parle de ballades écossaises ou d’Olé, de Coltrane…, dans un de ses enregistrements magnétiques, on entend aussi Mozart.
    On peut donc constater que nous voilà bien loin de votre canon et musique d'église que vous voulez à toute force, contre toute logique et même par truquage nous fourguer !

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    1. Tournez trois fois le doigt que vous avez dans le cul ; sentez : c’est bien de la merde. Bonne continuation.

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    2. Pauvre Rantanplan ! aucun sens de l'insulte ; seulement vulgaire, grossier et risible.

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    3. Juste ce qu’il faut pour un petit fouille-merde.

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    4. Vous vous roulez avec une délectation évidente dans votre cacanon rétrograde mais votre théorie fumeuse est mort-née : votre ridicule et vos truquages l'ont tuée. Adieu Rantanplan empaillé, vous nous ferez toujours rire !

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  8. Grande nouvelle !
    Le blog Memento mori accède enfin à la lumière : France Culture l'a ajouté à sa liste de références.
    Son combat n'aura pas été vain. Champagne !

    http://www.franceculture.fr/emission-une-vie-une-oeuvre-guy-debord-1931-1994-2013-04-20

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  9. Bonour,
    D'où vient la note sur le "Quichotte"?

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