lundi 1 avril 2013

Les points sur les « i » de Sanguinetti – Extraits et Commentaires / 1



[La lettre de Sanguinetti dont je donne des extraits a été écrite en français et traduite en anglais. L’original n’étant pas en ligne, j’ai retraduit en français la traduction anglaise — avec les inévitables distorsions que cela implique.]


Les situationnistes ne parlent. Cela a été vrai ; ça ne l’est plus tout à fait. Le temps a passé, il a prescription. Sanguinetti a ainsi rompu le silence qu’il s’était longtemps imposé. C’est qu’il y avait urgence : la confiscation de l’histoire situationniste au profit du seul Debord atteignant des sommets, il était plus que temps de réagir. Il a été l’un des frères d’armes de Debord, presque un égal : un pair. Le jugement qu’il porte sur celui-ci à un poids et mérite certainement qu’on s’y arrête.

Sanguinetti n’a connu que le second Debord, le stratège du « jeu de la guerre » sociale ; mais il fut son plus proche lieutenant et son ami. Il écrit : « […] je me rappelle le nombre de fois où il a souligné devant moi le rôle important de la première période « artistique » de l’I.S., comme le rôle considérable joué par tel ou tel situationniste, en disant – avec la modestie des grands hommes – que son mérite avait été sa capacité de saisir, solidifier et donner forme aux impulsions, pensées, etc. qui venaient des autres. »

Cette proximité et cette amitié, comme ce fut le cas pour d’autres « frères », n’étaient pas destinées à durer. « En ce qui me concerne personnellement, il est certain, en tout cas, qu’à partir du succès de l’Opération Censor, dans laquelle il ne croyait pas beaucoup, il y a eu de la part de Guy une sorte de prudence suspicieuse à mon encontre. Et alors il a cherché pendant longtemps un prétexte pour m’attaquer, pas franchement ou directement, ce qu’il pouvait faire en m’écrivant directement, mais de façon oblique, dans une guerre asymétrique, non déclarée, et, quelques années plus tard, en répandant (à droite et à gauche) des insinuations et des hypothèses calomnieuses à sur le Doge, sur moi, sur ma conduite dans l’Affaire Moro, etc. » Cela pose un certains nombre de questions qui peuvent se résumer à une seule : pourquoi le succès de « l’Opération Censor » a-t-elle entrainée une telle réaction de la part de Debord ? Sanguinetti répond en affirmant que c’est tout simplement par jalousie. Mais Censor n’est que le point de départ de cette rancœur qui allait se poursuivre par une guerre larvée dont il relate longuement les péripéties.

Mais ce qui a véritablement contribué envenimer la situation sera la parution du livre de Sanguinetti sur le terrorisme : « C’est à ce moment précis que Guy lança son offensive contre moi. La principale explication que j’ai trouvé à cette trouble opération est le succès de mon livre sur le terrorisme apprécié à l’étranger, où ceux qui le publiaient ou entreprenaient de le publier le faisait avec un impact supérieur à celui de sa Préface à la quatrième édition italienne de La Société du spectacle. Guy pensait que Du Terrorisme avait plus du succès qu’il n’en avait réellement — le succès de Censor étant encore frais. Sa seconde ligne d’attaque avait pour but de m’éliminer du mouvement subversif en discréditant préventivement tout ce que je pourrais encore faire et écrire, comme il l’avait fait avec d’autres. »

(À suivre)

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