jeudi 11 octobre 2012

En réponse à l’un de mes correspondants



Je veux revenir sur un message de l’un de mes (rares) correspondants qui de plus à l’air d’apprécier mon blog. « C'est vrai que Debord jouait sur le fil du rasoir, d'un côté il voulait s'entourer de compagnons de qualité, de l'autre, il s'en méfiait. » dit-il ; Il fait référence à ce côté ambiguë qu’il y avait dans le comportement de Debord avec ses proches qu’avait noté Rumney. Quand on fait un retour sur son parcours, on s’aperçoit effectivement qu’une grande partie de son talent consiste à s’entourer de gens qui pouvaient lui apporter quelque chose ; l’ambiguïté résidant dans ce que j’ai appelé une sorte de « vampirisme » qui consistait dans le fait de rompre une relation lorsque le sujet était épuisé. Dans le cas de Chtcheglov, c’est peut-être moins évident ; parce que, d’une part, c’est lui qui est parti le premier et qu’est venu se surajouter son déséquilibre mental. À cela près, le comportement de Debord avec son « frère » Ivan, ne diffère pas beaucoup de la manière dont il a agit avec d’autres.

2 commentaires:

  1. Bien sûr je suis d'accord avec vous. L'attitude de Debord est aussi la même avec Jorn qu'il aime beaucoup, mais qu'il ne peut s'empêcher de trouver insuffisamment engagé. Avec Vaneigem, il est très enthousiaste au début de leur relation, puis les relations s'effilochent, et vers la fin il n'aura jamais de mots asse durs contre son ancien compagnon. Pourtant ce dernier a finalement bien moins changé que lui dans le fil du temps. C'est sa personnalité qui est ainsi, c'est un amoureux déçu qui passe son temps à dénigrer ce qu'il a encensé.
    Je pense que c'est aussi le signe de ses propres incertitudes. Son comportement est aussi curieux avec Marïen et les surréalistes belges qui lui apportent beaucoup, mais qui ne le rejoindrons pas dans la création de l'IS. Pourquoi les relations avec eux ce sont elles distendues ? C'est un nouveau mystère...

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  2. Le cas de Jorn est tout à fait particulier. Sans Jorn l’I.S. n’aurait sans doute pas pris la dimension qu’elle a prise — elle n’aurait peut-être même pas pu exister. Non seulement Jorn est l’un des principaux fondateurs de l’I.S. mais Debord a trouvé en lui à la fois un « frère » et un « père » ; et il est l’une des rare personne avec la quelle il n’a jamais rompu — malgré quelques accrochages. Quand Debord a rencontré Jorn, il était un peintre reconnu ; et c’est grâce à lui et à ses contacts que l’I.S. a pu acquérir une véritable dimension internationale — il ne faut pas oublier non plus que Jorn a financé continument l’I.S. même quand il n’en faisait plus formellement partie ; il a d’ailleurs survécu sans problème à la purge contre les artistes.

    Le cas de Vaneigem, par contre, a été vite réglé lors de la liquidation générale — mais Debord n’aura pas eu le temps d’exclure ce « frère »-là qui a démissionné avant.

    Tout cela n’est cependant pas trop mystérieux.

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