samedi 23 novembre 2013

Lectures – Confession de Guy Debord / 2



Il faut d’abord dire quelques mots de la personnalité d’Anatole Atlas (alias Jean-Louis Lippert) dont la notoriété est inversement proportionnelle à celle de Debord ; mais que celui-ci n’a pu s’empêcher de citer ici ou là. Dans l’Index général des noms de la Correspondance de Debord, il y a cinq occurrences pour le nom d’Atlas, toutes concernent le volume VI, janvier 1979 – décembre 1987.

La première se trouve dans une lettre à Martos de septembre 86 : « Floriana m’avait envoyé le prospectus sur le dernier ouvrage d’Atlas [il s’agit d’Autopsie du XXe siècle], mais non la brochure même. Peux-tu me la trouver ? »

La seconde, toujours dans la même lettre. Debord écrit : « Je ne me savais pas Lukácsien […], ni l’inspirateur de Tapie : peut-être par la médiation d’Attali ? » ; une Note à : Tapie précise : « Bernard Tapie, accusé par Anatole Atlas, interrompant une émission télévisée, d’avoir dans son livre Gagner, pillé sans le citer l’auteur de La Société du spectacle.

Dans une autre lettre à son cher Jeff d’octobre 86 Debord écrit : « Merci pour tous les documents. Cet Atlas paraît nettement malveillant. Mais ne serait-ce pas plus inquiétant de plaire à un stalinien ? »

Toujours en octobre et au même : « Atlas va être un fou encore plus gênant que Voyer. Le public a-t-il pu croire même à un partisan (un peu modéré) qui irait faire des reproches à Tapie ? Bien sûr, c’est très injuste de reprocher à Tapie de s’inspirer de moi (Atlas le fait avec la double malveillance de l’amalgame, contre moi et contre Tapie) ; alors qu’en effet on a rien dit sur Attali, et surtout pas sur Baudrillard. Tous ces envieux aboient contre le plus médiatique dans l’espoir d’en tirer un reflet. » ; et plus loin : « Quand notre funeste Voyer de Belgique, Atlas, s’est introduit chez Tapie, ce pauvre diable, qui réellement n’a pu me lire, a eu, d’après Jeff, un lapsus révélateur : il a dit que lui-même serait peut-être “assassiné en direct”. En direct, je veux bien, c’est le sort des princes médiatiques. Mais cela veut donc dire qu’il avait, comme tout le monde, entendu vaguement parler de moi. Et qu’il se souvient un peu, que j’ai dû être un jour assassiné. Je suis flatté de l’amalgame. »

(À suivre)

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