Qui
peut bien lire Feuilleton ? La revue
dirigée par Gérard Berréby en est à son « numéro 9, saison 3 » C’est
un bel objet, de facture soignée comme les publications d’Allia. Mais cela suffit-il
à faire une bonne revue ? Feuilleton
prétend passer « en revue le monde ». Et que voit-on défiler ?
Une suite d’articles hétéroclites sur des sujets variés, traduits pour la
plupart des magazines anglo-saxons ; et dont l’intérêt est lui aussi
variable — il y en a certainement de bons ; mais la question reste posée :
qui lit Feuilleton ?
Dans
la dernière livraison de Feuilleton,
Gérard Berréby a mis lui-même la main à la plume. Est-ce à dire que l’heure est
grave et qu’il y péril en la demeure ? Ou bien n’est-ce de sa part que droit
légitime ou envie de la part d’un directeur de paraître aussi dans sa revue.
Quoi qu’il en soit, Gérard Berréby débute dans le numéro 9 de Feuilleton un feuilleton consacré à l’assassinat
de Gérard Lebovici. On se souviendra qu’il avait dédicacé ses Documents relatifs à la fondation de l’Internationale
situationniste (1985) au même Gérard Lebovici. Et qu’il avait été éconduit
par Debord. Le feuilleton s’appelle : « Papiers collés » ; le
premier épisode est surtitré : « Qui a tué Gérard Lebovici ? »,
trois autres devraient suivre. L’ambition ne peut être que modeste puisque,
aussi bien, l’« affaire Lebovici » n’a jamais été élucidée par la
police ; et qu’il est difficile d’apporter du nouveau. À défaut de véritable
nouveauté, il est proposé de jeter au moins : « Un nouveau regard sur
l’affaire et sur le traitement médiatique qui lui fut réservé. » Ce
premier épisode est constitué par une revue de presse complète des articles qui
furent consacrés à l’assassinat de Gérard Lébovici à l’époque. Pour la suite,
les auteurs : Gérard Berréby & Adrien Bosc se proposent d’examiner les
« pistes » : Mesrine, la piste politique (Debord, terrorisme,
etc.), la piste crapuleuse (liée au trafic de cassettes vidéo). « Sans
promettre des révélations retentissantes, nous remonterons pas à pas le fil de
cette énigme avec la plus grande rigueur possible en écartant les hypothèses
les plus improbables. » écrivent-ils en conclusion. À suivre, donc.