mercredi 17 octobre 2012

Ivan Chtcheglov dans la Correspondance de Guy Debord



« [...] nous ne pouvons faire aucun mal à autrui, fût-ce dans le plus grand secret,
sans qu'un coup semblable nous frappe. »



On a vu que les lettres adressées à Chtcheglov sont rares dans la Correspondance publiée de Debord (j’en avais noté 4 toutes datée de l’année 1963, il y en a une 5e, plus une autre de 1964). Pourtant on sait que les deux hommes ont correspondu de façon suivie pendant dix-huit mois. Debord fera un montage de quelques brefs extraits tirés des lettres que Chtcheglov lui avait envoyées qu’il publiera sous le titre de Lettres de loin dans le bulletin situationniste.



D’autres lettres de Debord à Gilles Ivain ont été publiées en fac-simile dans Le marquis de Sade à des yeux de fille qui sont particulièrement intéressantes puisqu’elles  concernent la période « idyllique » de leur relation, avant la rupture et l’internement.



Les lettres de 1963-64 sont toutes très bienveillantes pour Ivan ; et montre un Debord sincèrement préoccupé par le sort de son ami, faisant tout son possible pour le « récupérer ». Pourtant dans une lettre à Vaneigem, elle aussi datée de 1963, il apparaît qu’il considère en fait Chtcheglov comme perdu sans espoir de retour — ce qui est en contradiction avec ce qu’il lui écrit.



Dans Ivan Chtcheglov, Profil perdu Apostolidès et Donné écrivent qu’« [i]l n’est pas possible de rapporter in extenso le contenu de cette riche correspondance ». En tout cas, si celle-ci est accessible, il est bien dommage qu’elle ne soit pas publiée, ne serait-ce qu’à titre de document — et en d’hommage au « plus beau » de ces enfants perdus.

2 commentaires:

  1. Mais non, mais non, vous écrivez que "d’autres lettres d’Ivan ont été publiées en fac-simile dans "Le marquis de Sade à des yeux de fille" qui sont particulièrement intéressantes puisqu’elles font parties d’une véritable correspondance cette fois : on y trouve à la fois celles de Debord et les réponses de son correspondant."
    En réalité, dans "Le marquis de Sade à des yeux de fille", on ne saurait y trouver des lettres d'Ivan Chtcheglov puisque seules les lettres de Debord à Chtcheglov y figurent car conservées au Canada par Patrick Straram ; et les originaux de ces dix lettres datant de la fin 1953, très intéressantes il est vrai, sont toujours consultables dans le fonds Straram de la Bibliothèque nationale du Québec.
    Il faudra donc admettre, si incroyable que cela vous paraisse, que Debord n'a pas conservé les lettres qui lui étaient adressées (de même que Chtcheglov dans le cas qui vous préoccupe, puisque c'est Straram qui les avait conservées…).
    Peut-être faudra-t-il aussi convenir que la vie de vos héros était plus riche, belle et variée que les petits romans qui sont racontés à ce propos ?

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  2. C'est vrai. Dont acte, je corrige. Il n'empêche que la "riche correspondance" signalée par Apostolidès et Donné doit bien exister.

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