vendredi 30 novembre 2012

Les Tombeaux de Guy Debord – Intermezzo



Je voudrais revenir sur le livre* de Jean-Marie Apostolidès que certains n’aime pas sous prétexte qu’il « psychologiserait » — ce que des puristes trouvent exorbitant s’agissant de Debord : ce serait une sorte de crime de « lèse majesté ». Je trouve que c’est justement pour cela que son livre est intéressant : Apostolidès essaie de voir les choses de l’intérieur — ce dont Brun est totalement incapable.

Je pense que le livre d’Apostolidès apporte un éclairage sur le sujet que personne d’autre avant lui n’avait apporté ; et à ce titre sa lecture est indispensable. Je donnerais, à titre d’incitation à la lecture, les citations suivantes :

Dans l’Avant-propos, il écrit : « Loin de la statue de plâtre drapée dans sa supériorité hautaine que nous présentent parfois les dévots – un homme qui n’aurait ni dettes intellectuelles ni inconscient –, l’étude concrète des conditions de fonctionnement de groupes d’avant-garde  montre que  les idées qui prévalent sont celles des hommes qui triomphent dans les combats fratricides pour le pouvoir et la légitimité au sein de ces groupes. » Et plus loin : « Révolution symbolique la crise de 68 a permis le passage d’une structure patriarcale à une structure fraternelle, dont les situationnistes avaient déjà exploré les possibilités quelques années auparavant. Cependant, ce qui différencie le fondateur de l’I.S. de la génération née après 1945, c’est qu’il a conservé toute sa vie les valeurs de l’héroïsme, lié au patriarcat, tandis que les individus venus après-guerre apportaient eux une idéologie nouvelle fondée sur la victimisation […]. / La culture héroïque s’appuie sur une conception active de l’homme : elle le comprend comme un agent de sa propre histoire. Elle autorise la rébellion contre l’ordre existant, au nom de ce qui pourrait être, de ce que pourrait devenir des individus soucieux de développer leur propre potentiel. Pour les promoteurs de la victimisation au contraire les êtres n’ont d’intérêt qu’en raison de leur place dans la hiérarchie de l’oppression. » Loin d’être un contempteur, Apostolidès va jusqu’à terminer son Avant-propos par cette profession de foi (à laquelle on n’est pas obligé de souscrire) : « Debord réintroduit la dimension de l’utopie : c’est la raison pour laquelle il pourrait devenir, une fois mieux connu ses projets et les moyens mis en œuvre pour les réaliser, un guide pour le XXIe siècle. »

__________________

* Jean-Marie Apostolidès, Les Tombeaux de Guy Debord, Champs Flammarion.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire