Tout voyage est circulaire. À peine est-on
parti que l’on se trouve déjà sur le chemin du retour. Dans le voyage, il y a
certes un but ; mais ce qui compte c’est le chemin vers ce but.
Kafka a pu écrire : il y a un but ; mais il n'y a pas de chemin. On pourrait retourner la proposition et
dire : quand il y a un chemin, il n’est pas besoin de but. Ou bien :
c’est le chemin qui est à lui-même son propre but. Ce qui importe, c’est la circulation.
*
Il est temps, à présent, d’embarquer avec les
Argonautes pour le long voyage.
Apollonios de Rhodes, Les Argonautiques. / Chant I / Notice / L’escale de Lemnos.
[…]
L’idylle passagère de Jason et Hypsipylé*
préfigure sa rencontre avec Médée. C’est Aphrodite qui mène le jeu dans les
deux cas. […]
[…]
C’est revêtu d’un voile noir offert par
Hypsipylé que Jason accomplira les rites nocturnes qui lui permettront de
vaincre en Colchide les taureaux et les fils de la Terre. […]
[…]
La « vulgate » mythologique
attribue aux Lemniennes la faute première : « Elles n’honoraient pas
Aphrodite et celle-ci les avait affligées d’une odeur repoussante (dysosmie) ; aussi leurs époux s’en
allèrent-ils prendre des captives dans la Thrace voisine et en firent leur
concubines. » […]
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*Les hommes, en effet, avaient répudié leurs
femmes légitimes qu’ils avaient prises en haine ; au contraire, ils
éprouvaient un violent amour pour les captives qu’ils ramenaient eux-mêmes de leurs
pillages de Thrace, sur la côte opposée : c’est la terrible colère de
Cypris qui les poursuivaient parce qu’ils ne l’avaient honorée d’offrandes depuis
longtemps. Ô malheureuses, tristes victimes d’une insatiable jalousie ! Non
contentes de tuer avec ces captives leurs maris dans leur lit, elles
détruisirent en même temps tout le sexe mâle pour n’être pas châtiées plus tard
de leur crime atroce. Seule entre toute, elle épargna son vieux père,
Hypsipylé, fille de Thoas qui régnait sur le pays […].
(Extrait du Chant I.)
(À suivre)
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