Note liminaire (suite)
Bardé du lourd appareillage conceptuel
bourdieusien dont il s’est chargé mais qu’il a manifestement appris à
manipuler, Eric Brun a pu s’attaquer sans trembler à son objet. Il a pris soin
d’en délimiter préalablement les contours ; et, assuré ainsi de ne pas
s’égarer dans la jungle des interprétations hasardeuses (il faut être un aventurier
pour cela), il l’était également de retrouver à la fin, après un long et
minutieux travail d’analyse, ce qu’il avait posé lui-même au début. C’est ainsi
qu’il nous livre un travail sans surprise — qui est cependant remarquable
par le travail de documentation sur lequel il repose.
Eric Brun ne nous laisse rien ignorer
du contexte intellectuel dans lequel l’I.S. est née et s’est développée jusqu’à
accéder à la dimension proprement mythologique qui est la sienne aujourd’hui.
Et comme il n’y a pas de mythologie sans figure héroïque celle de
« l’aventure situationniste » était toute trouvée : Guy Debord, qui
la résume à lui seul de manière exemplaire.
Là aussi, encore une fois, l’affaire
est entendue avant même que l’enquête ait commencée : L’I.S., c’est
Debord. Il n’y a pas moyen d’en sortir : in girum. Pourtant — et
c’est l’une des partie les plus intéressante de sa thèse — Eric Brun montre,
preuves à l’appui, l’importance de Jorn sans lequel l’I.S. n’aurait tout
simplement pas pu exister ; mais cela ne le fait pas dévier de sa trajectoire
convenue.
(À suivre)
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