vendredi 9 août 2013

Quelques citations de Leopardi tirées du Zibaldone di pensieri à l’usage du lecteur en vacance / 1



Difficulté d’imiter : il est plus facile d’en faire plus que de faire la même chose. La juste mesure est d’autant plus difficile à trouver que l’égalité parfaite est rarissime dans la nature. De là l’étonnement produit par l’imitation et le plaisir engendré par cet étonnement.

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Les illusions existent naturellement et son inhérentes au système du monde : les supprimer totalement, ou presque, c’est dénaturer l’homme et tout peuple dénaturé est barbare car il ne suit plus le cours du système du monde. La raison est une lumière. La nature veut être éclairée par la raison, et non incendiée.

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Plus on tient compte du temps, plus on désespère d’en avoir assez, plus on s’en moque, plus il semble qu’on en ait.

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Je considère les illusions comme une chose en quelque façon réelle étant donné qu’elles sont des composantes essentielles du système de la nature humaine, données par la nature à tous les hommes. Aussi ne convient-il pas de les mépriser comme les rêves d’un seul, mais faut-il les prendre comme les véritables rêves de l’homme, voulus par la nature, et sans lesquels notre vie serait la chose la plus misérable et la plus barbare etc. Les illusions sont donc nécessaires et font partie intégrante de l’ordre des choses.

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Cela peut sembler absurde, mais il est pourtant rigoureusement vrai que le réel n’étant rien, il n’est rien de réel ni de substantiel dans le monde que les illusions.

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Comment la matière pourrait-elle ressentir son propre néant, le regretter et s’en désespérer ? Cette profonde certitude (en particulier chez les grandes âmes) de la vanité et d l’insuffisance de tout ce qui se mesure par les sens, certitude qui ne vient pas du seul raisonnement mais constitue une réalité fort sensible et fort douloureuse, n’est-ce point la preuve matérielle que la substance qui la conçoit et l’éprouve est elle-même d’une autre nature ? Et parce que ressentir le néant de toutes les choses sensibles et matérielles suppose essentiellement une faculté de sentir et de comprendre des objets d’une nature différente et contraire comment cette faculté pourrait-elle alors exister dans la matière ?

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 […] l’on peut dire qu’en général, la tendance de l’esprit moderne est de réduire le monde entier à une nation, et toutes les nations à une seule personne.

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Il est fort curieux de voir qu’au moment où les nations ne semblent plus faire qu’une seule et même personne, et que les hommes ne se distinguent plus entre eux, chacun est intérieurement devenu une nation, c’est-à-dire que les hommes ne partagent plus d’intérêt commun, qu’ils ne forment plus de corps, qu’ils n’ont plus de patrie et que l’égoïsme les enferme dans le seul cercle des intérêts particuliers, sans amour ni soucis des autres, sans aucun lien ni aucune relation intérieure avec le reste de l’humanité.


(À suivre)

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