L’anonyme
auteur de Debord, etc. prend soin de
nous avertir au début de son opuscule qu’il ne s’agit pas d’une
biographie ; il y revient au moment de conclure en précisant qu’« il
s’agit in fine plutôt d’une
autobiographie » Il est effectivement plus question de l’auteur anonyme —
qui se dévoile ainsi quelque peu — que de Debord sur lequel on apprend rien que
l’on ne sache déjà. Il précise en outre que le présent ouvrage est une
amplification d’un texte paru initialement en 1996 dans le n° 10 d’une revue
nommée L’Affranchi — qui, je l’avoue
n’était pas arrivée jusqu’à moi ; il est vrai que j’habite une province
reculée. Ce qu’il ne nous dit pas, c’est que c’est surtout une sorte de
règlement de compte. Moins avec Debord d’ailleurs qu’avec quelques
« disciples » du Maître — mais cela est assez évident. Il écrit à la
fin : « Un acheteur étourdi de cet ouvrage pourrait croire que
l’auteur est un quadragénaire bobo […]. », mais les renseignements qu’il
donne par ailleurs oblige à lui rajouter une vingtaine d’années ; ce qui
nous mène donc à l’âge où il est généralement temps de de solder les
comptes : l’âge des bilans.
« Dans
le titre de cet ouvrage, l’important n’est pas Debord mais “etc.” » Nous
examinerons donc, l’accessoire : « Debord » et
l’important : « etc. ». Commençons par l’accessoire.
« Longtemps Guy Debord m’a beaucoup impressionné. », après ce début
proustien, nous avons droit à diverses considérations sur la carrière du
« grand homme » agrémentées de diverses citations tirées des
meilleurs auteurs classiques, pour ne pas être en reste. L’anonyme s’intéresse
surtout au dernier Debord qu’il n’a manifestement pas connu
personnellement ; mais seulement par
la bande, pourrait-on dire, c’est-à-dire par quelques-uns de ses derniers « fidèles »
qu’il connaissait eux personnellement, particulièrement celui qu’il surnomme
Gefu alias le sous-commandant Martos
qui fait l’objet d’un chapitre spécial — il y a aussi Denevert qui est arrivé
moins loin. Nous y reviendrons.
Dans
l’histoire de l’I.S. l’anonyme a une prédilection pour la période « hyper
–politique » ; ainsi : « Je tiens les numéros de
l’Internationale Situationnistes de 64 à 69 pour un chef-d’œuvre de lucidité,
d’humour, de radicalité. ». Il est en désaccord avec Le Manach qui pencherait,
lui, pour celle qui est antérieure à 1964. Nous serions plutôt de l’avis de
celui-ci — mais la période clef est certainement la préhistoire lettriste
internationale. Il est compréhensible que la période qui va de la liquidation
des artistes dans l’I.S. à la liquidation de l’I.S. après 68 retienne
particulièrement son attention, non seulement parce que c’est celle qui est
généralement retenu par les « radicaux », mais surtout parce que
c’est celle qu’il a pu connaître de plus près. (Il faut cependant ajouter qu’il
est souvent préférable de prendre de la distance par rapport à un objet pour
mieux le décrire.)
(À
suivre)
L'auteur anonyme de "Debord, etc." aurait également pu évoquer Francis Pagnon, auteur chez Champ Libre d'un bon livre sur Wagner, puis viré comme un malpropre lorsqu'il présenta un nouveau manuscrit.
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