Cette
Correspondance « générale » est l’occasion pour l’anonyme d’en évoquer
une autre, celle des Éditions Champ Libre (deux volumes : 1978 et 1981) où
Debord fait un remarquable numéro de ventriloquie par Lebovici interposé. Il
est regrettable à ce propos de voir qu’il préfère débiner « le menteur
Guégan » qui s’étale dans un « diptyque » sur ses « années
Champ Libre », plutôt que de parler de l’intéressant échange de lettres entre
Lebovici et Voyer, prélude à l’éviction de celui-ci qui fut, il faut bien le dire,
une saloperie à laquelle Debord n’était pas étranger.
Parmi
la revue des petites gloires de l’époque que notre anonyme a connu, il
mentionne particulièrement, dans un chapitre sur ces « prositus qui
tournaient autour de Debord, le nom de Denevert. Il parle de « cette
agitation un peu vaine » à laquelle il participait lui aussi de plus loin ;
de Debord qui « de temps en temps ramassait les copies » de ces
élèves appliqués, les corrigeait en vitesse et jetait le tout sans état
d’âme ». Il écrit à ce sujet : « Je connu brièvement Denevert
qui avait eu une bonne note pour “Intelligence de quelques aspects du moment”,
puis Debord lui signifia que sa bienveillance, n’était pas l’équivalence d’un imprimatur ad vitam aeternam pour tous
ses écrits, en particulier chez Champ Libre. Le bon élève était ainsi répudié
vite fait, plein de tristesse et d’aigreur. »
Ce
Denevert publia lui aussi sa petite Correspondance avec Debord dans l’unique
numéro d’une revue qui s’intitulait : chronique
des secrets publics (1975), et qui poussait le mimétisme jusqu’à imiter la
célèbre couverture métallisée or et la présentation du premier numéro d’Internationale Situationniste. On y trouve également une
correspondance entre lui et Voyer — c’était vraiment un tout petit monde — que
Debord , qui l’avait à la bonne à l’époque, avait chargé de prendre contact avec
ce postulant prometteur. À la fin de ladite revue, on peut lire un l’extrait
d’un livre de Denevert intitulé : La
Théorie situationniste et les processus de séparation, qui avait été « rejeté
par trois éditeurs parisiens en 1972-73 ». En voici un échantillon qui ne
manque pas de pertinence : « La fin honteuse des Situationnistes de
l’Internationale, qui ont abandonné presque toutes leurs tâches après avoir à
peine réalisé les premières et les moindres ambitions de leur programme, montre
assez la fragilité de ce genre d’assurances “radicales” sur la vie. Elle montre
aussi combien il est à redouter que
les premiers succès dans la réalisation d’un projet de cet ordre ne montent à
la tête de leurs auteurs, qui sont alors toujours prompts à céder à
l’insidieuse tentation de ne plus vivre que sur un présent prestigieux acquis
au détour d’une aventure passée. »
Mais de tout cela l’anonyme ne parle pas, c’est bien dommage.
(À
suivre)
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