Debord
est partout. C’est la rançon de le gloire – qui plait tant à Alice. Il est donc
dans les romans. Le dernier en date s’appelle : Les Renards pâles, de Yannick Heandel. Que je n’ai pas lu.
Cependant, il a droit à une importante recension dans Le Monde des Livres, que j’ai lu. Cela fait quand même deux pages,
la première et la seconde d’un cahier qui n’est pas si important. Il est vrai
que l’ouvrage est publié dans la collection L’Infini
dirigée par Philippe Sollers ; et que Le
Monde a toujours bien aimé Sollers depuis Savigneau qui fut sa plus fervente
groupie – mais c’était un autre temps. Le thème de l’ouvrage et le patronage de
Sollers attirait l’attention. Je l’ai donc parcouru, et je suis tombé sur ça (p.
26) :
« Et
puis je pensais à cette ville autour de moi qui se consumait dans son inertie :
n’avait-elle pas été la capitale de la contestation ? Le souvenir de Guy
Debord et de l’Internationale situationniste m’a traversé avec la fulgurance d’une
comète en flamme : ils avaient été les derniers, en France, à donner vie
au mot “révolution” — à vivre celle-ci comme une liberté réelle. Depuis, tout s’était
complétement tassé ; plus aucune âme ne flamboyait : la politique
était morte, en même temps que la poésie. Le renoncement c’était emparé de
cette ville, où chacun, à peu près, s’était replié sur ses compromis, en simulant des désirs qui n’étaient déjà plus que
le réflexe de consommateurs tristes. / Pourtant, il suffisait de peu pour rallumer
la mèche. Le temps, ce soir, brûlait si fort que l’on sentait les rues
trembler. Ce tremblement, j’y voyais un présage : n’était-il pas l’annonce que, précisément, le temps revient ? Les moments irréductibles d’une histoire
restée en suspens réapparaissent toujours, comme des revenants ; et ce qui
revient donne chance à une nouvelle époque. »
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