samedi 24 août 2013

Debord, encore



Debord est partout. C’est la rançon de le gloire – qui plait tant à Alice. Il est donc dans les romans. Le dernier en date s’appelle : Les Renards pâles, de Yannick Heandel. Que je n’ai pas lu. Cependant, il a droit à une importante recension dans Le Monde des Livres, que j’ai lu. Cela fait quand même deux pages, la première et la seconde d’un cahier qui n’est pas si important. Il est vrai que l’ouvrage est publié dans la collection L’Infini dirigée par Philippe Sollers ; et que Le Monde a toujours bien aimé Sollers depuis Savigneau qui fut sa plus fervente groupie – mais c’était un autre temps. Le thème de l’ouvrage et le patronage de Sollers attirait l’attention. Je l’ai donc parcouru, et je suis tombé sur ça (p. 26) :



« Et puis je pensais à cette ville autour de moi qui se consumait dans son inertie : n’avait-elle pas été la capitale de la contestation ? Le souvenir de Guy Debord et de l’Internationale situationniste m’a traversé avec la fulgurance d’une comète en flamme : ils avaient été les derniers, en France, à donner vie au mot “révolution” — à vivre celle-ci comme une liberté réelle. Depuis, tout s’était complétement tassé ; plus aucune âme ne flamboyait : la politique était morte, en même temps que la poésie. Le renoncement c’était emparé de cette ville, où chacun, à peu près, s’était replié sur ses compromis, en simulant des désirs qui n’étaient déjà plus que le réflexe de consommateurs tristes. / Pourtant, il suffisait de peu pour rallumer la mèche. Le temps, ce soir, brûlait si fort que l’on sentait les rues trembler. Ce tremblement, j’y voyais un présage : n’était-il pas l’annonce  que, précisément, le temps revient ? Les moments irréductibles d’une histoire restée en suspens réapparaissent toujours, comme des revenants ; et ce qui revient donne chance à une nouvelle époque. »

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