Après
avoir réglé ses comptes avec le sous-commandant Martos qu’il a connu alors
qu’il n’était encore qu’un aspirant — mais il ne faudrait pas accabler outre mesure
le pauvre Gefu qui ne fut jamais
qu’un petit soldat perdu monté en grade avec lequel le vieux Debord a trouvé
plaisant de jouer un moment avant de s’en débarrasser — l’anonyme passe à l’analyse
de la Correspondance qui est certainement essentielle pour comprendre Debord —
même si c’est une correspondance sélective : le choix de ce qui est montré
si complaisamment est en lui-même révélateur.
Voilà
quelques-unes des réflexions qu’elle inspire à l’anonyme.
« La
raison pour laquelle cette Correspondance ne contient que des lettres de Debord
à un certain nombre de personnes (et non les réponses desdites personnes ou les
missives qui ont entraîné les réponses de Debord), de mâles en général, est
ultrasimple. […] il n’y a qu’un motif à cette unilatéralité : l’égocentrisme exacerbé. Debord progressa avec
une belle régularité et une grande constance sur la voie de la
mégalomanie. »
« Le
manque à peu près total de sincérité dans la Correspondance de Debord est lié à
la conviction que les lettres seront publiées un jour, ou qu’elles risquent de
l’être. » Mais la sincérité n’est certainement pas ce qu’il faut s’attendre
à trouver chez Debord ; et ce d’autant moins qu’elle est affirmée. On peut
ajouter aussi que Debord, dès le début de sa carrière, s’est employé à façonner
l’image que la postérité devait
retenir de lui — le soin qu’il a mis à faire des doubles de ses lettres, à tout
archiver et classer : photos, textes, coupures de journaux en sont la
preuve. Il est assez évident que cette Correspondance vient en quelque sorte
couronner le travail. Cependant, il peut arriver que, lorsqu’on a une très
haute idée de soi-même, on donne justement à voir les côtés les plus
contestables — voire détestables — de sa personnalité en les présentant comme
admirables parce qu’on les considère comme tels. « Le léopard meurt avec
ses tâches » dont il est fier — ce qui n’exclut pas un toilettage
mortuaire, bien au contraire.
« Le
véritable intérêt de la Correspondance de Debord c’est sans doute qu’elle est
un réservoir inépuisable, involontaires
et quasi insurpassable d’exemples de mauvaise foi. C’est un florilège
exceptionnel, une collection sans égale en quantité et en qualité de petites et
de grandes hypocrisies. C’est aussi l’occasion de franches rigolades. »
« En général, on peut édicter cette règle
à propos de la Correspondance qui nous occupe : plus une lettre est de
mauvaise foi, plus elle est longue
(il y en a aussi de mauvaise foi qui
sont courtes, des lettres plus longues qui ne sont nécessairement pas de
mauvaise foi ; corollaire : une missive (sauf exception) de mauvaise
foi est aussi agressive (exemples entre autres dans la Cor. 5 :
1975-76). »
(À
suivre)
Etes-vous parvenu a identifier l'auteur? Malgre mes efforts et une lecture attentive, je n'ai pas reussi...
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