Introduction
« On m’avait parfois reproché, mais à
tort je crois, de faire des films difficiles : je vais pour finir en faire
un. » Il faut certainement prendre au sérieux cette déclaration liminaire faite
par Guy Debord dans son film testamentaire. Cependant, le « spectateur »
averti va néanmoins se trouver devant cette évidence que le film ne présente, à
première vue, aucune difficulté particulière : après le Prologue, il
assistera à la classique « Vie du héros » raconté par lui-même, qui
déroule chronologiquement ses « aventures » : de sa
« jeunesse rebelle » à l’échec final de ses « prétentions
démesurées ». Se pose alors le problème de la nature cette difficulté
annoncée. Elle ne saurait résider dans le défaut rédhibitoire qui disqualifie
le « spectateur » et lui interdit tout accès à une œuvre qui, en tout
état de cause, n’était pas faite pour lui. « À qui se fâche de ne pas
comprendre toutes les allusions, ou même qui s’avoue incapable de distinguer
nettement mes intentions, je répondrais seulement qu’il doit de désoler de son
inculture et de sa stérilité, et non de mes façons ; il a perdu son temps
à l’Université, où se revendent à la sauvette des petits stocks de
connaissances abîmées. », poursuit Debord. Mais ses
« intentions » ne sont pas si mystérieuses ; et quant aux
«allusions », il n’est pas besoin de les saisir toutes pour suivre le film.
C’est donc que la difficulté se trouve ailleurs. Et où serait-elle si ce n’est dans
la structure même du film ? Il faut alors s’intéresser à la manière dont
il est construit ; et pour cela commencer par le déconstruire afin de le
ramener à ses éléments constitutifs. C’est ce nous nous proposons de faire dans
un premier temps. Il s’agira ensuite de suivre le chemin inverse ; et, pour
ne pas errer, de découvrir la méthode
qui a pu présider à leur agencement particulier. Le palindrome-titre sera notre
Béatrice.
(À suivre)
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