vendredi 22 juin 2012

Debord à Venise / 8


Quelques remarques complémentaires



 Les deux emblèmes de Venise sont le Lion ailé et Saint George terrassant le Dragon dont une représentation se trouve placé au sommet de chacune des colonnes qui flanquent la Place Saint Marc, du côté de la Lagune. On rappellera que le Lion et le Dragon sont aussi les symboles alchimiques d’une phase cruciale de l’Œuvre. On se souviendra aussi que le « vaisseau des morts » longe « un mur aveugle de San Giorgio » où se trouve « L’Île des Morts » que l'on voit en face, entre les deux colonnes.

Sur la fréquence des apparitions de la Salute, on pourrait objecter qu’il est difficile de circuler dans la lagune sans croiser celle-ci. Mais si l’on ne veut pas montrer un monument — rappelons, s’il était besoin, que c’est une église —, il suffit de filmer du point de vue du monument, comme Debord l’a déjà fait dans un autre de ses films*. On peut bien sûr toujours dire qu’il n’accordait aucune importance à la présence de la Salute ; ce qui est assez improbable, tant tout ce qu’il écrit ou film est calculé jusque dans les moindres détails. On remarquera aussi que les séquences filmées depuis un bateau le sont depuis une embarcation assez « lourde » du type vaporetto ; la seule séquence où l’on pénètre véritablement dans le labyrinthe vénitien par les eaux est la séquence 6 : « C’est ainsi que nous nous sommes engagés dans le partie du Diable » ; et c’est dans une barque — pilotée par le nocher des Enfers ?

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* Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps. On peut lire sur la Fiche technique du film : « Pour prendre le contre-pied du documentaire en matière de décors spectaculaire, chaque fois que la caméra a risqué de rencontrer un monument, on l’a évité en filmant à l’inverse le point de vue du monument (au sens où le jeune Abel Gance avait pu placer sa caméra du point de vue de la boule de neige). »

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