lundi 16 décembre 2013

Lectures – Surréalisme et situationnistes au rendez-vous des avant-gardes / 1



Extraits* choisis :

C’est par ce qui fut de lui un échec que le surréalisme reste vivant parmi nous, comme Révolution surréaliste donc, une utopie qui nous indique maintenant encore un des chemins à prendre. En revanche, la réussite des situationnistes signe leur arrêt de mort, mort célébrée comme promesse de vie éternelle par tous les prédicateurs de la subversion, servants de la révolte absolue qui n’en finisse pas de faire du passé table de presse. Ironie de l’histoire : le soulèvement de Mai 68 n’ouvre d’avenir qu’à ceux dont il prétendait annoncer la fin.
[…]
La révolte est devenue avec les avant-gardes objet patrimonial, exploité comme tel, et les expositions révèlent aux yeux du grand public que le refus et les gestes de provocation des artistes maudits étaient finalement compatibles avec la consécration. […] La part irréductible, c’est ce qui échappe à cette fatalité, la liberté de ne pas accepter cette reconnaissance, le refus d’être l’objet digne de figurer un jour sur les panneaux publicitaires qui annoncent chaque fois le nom d’un des dieux de la Subversion que le Volvoce porte sur l’un de ses tentacules.
[…]
Aucune société n’avait jusqu’ici fait de la subversion et du non-conformisme la moteur de son évolution. Avec la bourgeoisie la dynamique de la production a rencontré la soif de nouveau des élites intellectuelles créatrices jusque-là tenues en laisse et qui incarnaient le non-conformisme. C’est à un changement de sens que le capitalisme a convié ses défenseurs, et pour y parvenir, il a lâché la bride à certains de ses adversaires. Aux avant-gardes donc de procéder à un renversement de toutes les valeurs, quitte à laisser ensuite aux institutions le temps de l’adaptation et du tri.
[…]
Surréalistes et situationnistes ont été chacun dans leur domaine les inspirateurs, les maîtres à penser et les maître d’œuvre d’une culture désormais vouée à la subversion, au non-conforme qui définit le sens de la postmodernité et qui réclame un mode de régulation socioculturel où la nouveauté est reine. Aussi bien, les théoriciens de la nouvelle couche sociale, bien décidés à en découdre avec l’ancien mouvement ouvrier et à régler son compte à l’ordre moral dont le gaullisme et le PC avait hérité, ces théoriciens n’hésitent pas à puiser dans le corpus encore largement inexploré de la défunte ultra-gauche. L’Internationale situationniste inspirera cette forme particulière de la critique sociale, les surréalistes lui offriront le modèle esthétique conforme, et c’est ainsi que la culture entrera en modernité permanente, mais sur une base sociale inchangée, à l’intérieur des mêmes catégories aliénées.
[…]
La part bénie du surréalisme, l’art, devient la part maudite, et les situationnistes s’inscrivent donc au-delà de l’art. Ils dépassent la notion même de dépassement, mais ce saut, la négation de la négation, les ramènent à ce que le surréalisme avait dépassé dans Dada, à savoir la fonction pure d’avant-garde, incarnée jusqu’à la caricature par les dadaïstes. On ne supprime pas une contradiction en en rayant l’un des termes : l’art. On s’enferme dans l’autre terme, la politique, qui s’empare de la totalité. L’unité brisée est ainsi reconstituée de manière fantasmatique dans et par la théorie

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* Louis Janover, surréalisme et situationnistes au rendez-vous des avant-gardes, Sens & Tonka.


(À suivre)

3 commentaires:

  1. http://www.blogg.org/blog-108630-billet-louis_janover__surrealisme_et_situationnistes_au_rendez_vous__des_avant_gardes__sens___tonka__2013-1506955.html

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    1. Alors mon petit Alex, déjà de retour ? Vous vous ennuyez donc tellement avec vos petits camarades ? Est-ce vous ou un autre de ces petits branleurs qui a rédigé cette critique indigente du livre de Janover ? « [U]n livre qui semble avoir été écrit avec les pieds », dit-il ; et sa critique, il l’a écrite avec quoi ? Avec son cul parce que sa tête est malade, certainement. Nous y reviendrons le moment venu.

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    2. Avec un vieux cheval de retour comme vous, comment peut-on ne pas s’amuser ?
      Ecrire avec les pieds est une expression assez convenue pour dire qu’un texte est mal écrit mais écrire avec son cul, voulez-vous nous expliquer plus clairement le fond de votre pensée ?
      Je note qu’à chaque fois qu’un avis différent du vôtre s’exprime vous en venez tout de suite aux insultes grossières, et aussi que vous vous montrez toujours prêt à défendre jusqu’à l’absurde tous ceux qui, en leur temps et avec juste raison, furent insultés ou méprisés par les situationnistes.
      Voilà votre unique fonds de commerce – il est en faillite depuis trop longtemps pour espérer le redresser : tout est joué depuis longtemps, vous n’êtes que ridicule.

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