Personne n’a pu, à m’a connaissance et jusqu’à
présent, donner l’origine du palindrome que Debord a utilisé pour titrer son
film testamentaire : in girum imus
nocte et consumimur igni ne se trouve ni dans Virgile ni chez Sidoine Apollinaire. Debord a prétendu qu’il ne se souvenait pas de sa provenance — ce
qui est difficile à croire.
J’ai retrouvé, un peu par hasard, ce
palindrome dans le Dictionnaire de
plain-chant de Jacques d’Ortigue. Cela aurait pu n’être qu’une simple
coïncidence : il n’en est rien, comme chacun peut s’en persuader en lisant
l’article : Canon de ce
Dictionnaire. Il existe donc une forte probabilité pour que ce soit bien là que
Debord l’ait rencontré.
Pour ceux qui auraient pu croire que j’avais
inventé cette référence, je donne ici la « preuve iconographique »,
comme aurait dit l’autre, du contraire :
Pour pouvoir trancher de façon définitive en
faveur de mon hypothèse, il faudrait trouver cette référence dans le fond Debord
de la BnF. Cependant, même si elle ne s’y trouvait pas, cela ne l’infirmerait
en rien.
Mon cher Rantanplan,
RépondreSupprimeron peut concevoir que vous soyez fier d'avoir trouvé un si bel os mais une recherche rapide sur internet amène, par exemple, les trois occurrences suivantes pour "in girum imus nocte et consumimur igni" :
Histoire universelle
soigneusement remaniée par l'auteur
Volume 3
Par Cesare Cantù
Chez Firmin Didot Frères
1858
p. 432
notes additionnelles
Dictionnaire de la conversation et de la lecture
Cal - Car,
Volume X
Chez Belin-Mandar
1833
p. 307
article canon, en musique par Castil-Blaze
Bibliothèque de l'École des chartes, Volume 53
p. 144
Librairie Droz, 1892
Bulletin bibliographique", 1839/1840-1848/1849; "Bibliographie" incluant "Livres nouveaux", 1849-1959.
La question est donc de savoir pourquoi, bien cher Rantanplan, votre flair légendaire vous a absolument convaincu que c'est bien dans le "Dictionnaire de plain-chant" de Jacques d’Ortigue que Debord aurait trouvé ce palindrome ?
Il suffit de lire l'article : Canon du Dictionnaire d'Ortigue — mais c'est sans doute trop vous demander.
SupprimerRantanplan, vous êtes formidable ! j’ai bien lu la page 194 de cet ouvrage qui parle du canon rétrograde qu’on exécutait à rebours en retournant le livre – canon rétrograde dont vous êtes follement entiché –, mais en quoi ce livre-ci en particulier plutôt qu’un autre qui parle de ce même palindrome…
SupprimerDe plus, ce livre donne comme phrase « in girum imus noctu ecce ut consumimur igni » et non le palindrome exact utilisé par Debord.
J’en conclus que votre fracassante découverte n’en est pas une et que votre méthode du canon rétrograde est tout sauf pertinente.
En revanche, dans son « Histoire universelle soigneusement remaniée par l'auteur», volume 3, de Cesare Cantù, paru chez Firmin Didot Frères en 1858, on peut lire ceci dans ses "Notes additionnelles aux poésies difficiles" p. 432 :
« On dit des démons :
In girum imus nocte, et consumimur igni,
ce qui peut être lu de gauche comme de droite »
Ce livre a donc l’insigne avantage sur le vôtre de donner la phrase exacte utilisée par Debord.
Je vous ai dit de lire l'article Canon du Dictionnaire d'Ortigue : vous ne pouvez pas. Vous ne comprenez rien.
SupprimerEt moi je vous dis que votre hypothèse est farfelue parce que les prémisses de votre raisonnement (« Debord a prétendu qu’il ne se souvenait pas de sa provenance – ce qui est difficile à croire. J’ai retrouvé, un peu par hasard, ce palindrome dans le Dictionnaire de plain-chant de Jacques d’Ortigue. Cela aurait pu n’être qu’une simple coïncidence : il n’en est rien, comme chacun peut s’en persuader en lisant l’article : Canon de ce Dictionnaire. Il existe donc une forte probabilité pour que ce soit bien là que Debord l’ait rencontré. ») résident sur du vent.
RépondreSupprimerSavez-vous lire ? Le palindrome exact « In girum imus nocte et consumimur igni » NE SE TROUVE PAS dans l’ouvrage de Jacques d’Ortigue. Vous vous laissez aveugler par le canon rétrograde comme explication à la construction du film de Debord, tout heureux d’avoir trouvé un si bel os à ronger. Mais désolé, Rantanplan, c’est idiot. Cela n’a rien à voir. Vous êtes obstiné (toute cette belle construction sur du vent !) mais il va falloir refaire tous vos petits calculs. A moins bien sûr que vous préfériez être définitivement ridicule – et cela vous regarde, Rantanplan.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerBis repetita (pour ceux qui auraient du mal à suivre)
RépondreSupprimerRantanplan disait le 9 avril : « J’ai publié il y a quelque temps sur ce blog un feuilleton intitulé : In girum à la lumière du canon rétrograde. C’est une analyse du film faite à partir de la découverte de l’origine du palindrome-titre du film de Debord qui, à ma connaissance, n’avait pas été élucidée jusque-là. »
C’est amusant parce que dans l’article Canon du livre de Jacques d’Ortigue, une citation (p.193-194) du « Traité du contrepoint et de la fugue » de François-Joseph Fétis (1846) explique que le canon fermé ou énigmatique était une sorte d’énigme « en vogue pendant presque toute la durée des XVIe et XVIIe siècles ; c’étaient des espèces de défis que les compositeurs faisaient aux musiciens les plus habiles, et chacun les enveloppait d’autant d’obscurité qu’il pouvait ; l’on faisait consister son mérite à cacher le sens de son énigme, et l’autre attachait sa gloire à la deviner ».
Voilà donc la clé de la découverte du canon rétrograde par Rantanplan : Debord a enveloppé d’autant d’obscurité qu’il pouvait la construction de son film « In girum » et Rantanplan, connu pour son flair infaillible, a élucidé cette énigme et attaché sa gloire à la deviner…
Manque de chance, Rantanplan a oublié que le palindrome exact utilisé par Debord ne se trouve pas dans le « Dictionnaire liturgique, historique et théorique de plain-chant et de musique d'église au moyen âge et dans les temps modernes », par Jacques d’Ortigue (on se demande d’ailleurs ce qui aurait poussé Debord à s’intéresser à un tel livre vu son sujet) mais celui-ci figure, à la virgule près, dans les notes additionnelles aux poésies difficiles (p. 432) du troisième volume de l’ouvrage de l’italien César Cantù, « Histoire universelle », publié en français par Firmin Didot Frères (2e édition 1858).
On voit donc que l’hypothèse de Rantanplan n’est bâtie que sur du vent.
CQFD