En
parlant de « tombeaux » Sanguinetti vise particulièrement le livre
d’Apostolidès ; Les Tombeaux de Guy
Debord qu’il n’apprécie pas — c’est le moins qu’on puise dire. Il écrit :
« Parmi les apologistes : on peut trouver de véritables perles :
par exemple le livre d’Apostolidès, dans sa rage de me faire disparaître, se
hisse à des sommets philologiques jamais atteints même par le KGB. Après avoir
clamer que la version française de Véridique
Rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie était
plus « élégant » que l’original italien (!), et dans le but de
compléter sa démonstration que Censor n’était pas Sanguinetti, mais Debord, ils
enlève tout les doutes avec l’intelligente leçon suivante : “On remarque
les affinités entre les deux noms, Censor et Debord : chacuns possède deux
syllabes ; et les voyelles sont identiques, comme le sont le nombre de
lettres.” Au contraire, l’« affinité » pour laquelle j’ai choisi le
pseudonyme de Censor, est celle avec Bancor, la devise supranationale inventée
par Keynes, c’était également le nom de plume de Guido Carli, qui était le
gouverneur de la Banque d’Italie à l’époque. » Dans sa vindicte,
Sanguinetti va jusqu’à traiter Apostolidès d’« orphelin malchanceux du
Pape Pie XII, de Mao et de Lenine, qui ne fait que démontrer que sa recherche
frénétique participe d’un culte de la personnalité spectaculaire ».
Si
ces propos pour le moins excessifs démontrent quelque chose, c’est certainement
que Sanguinetti a mal lu — ou très vite pour en arriver à ce qui le concernait
— le livre d’Apostolidès, autrement il ne le prendrait pas pour une apologie de
l’Unique — ce qu’il n’est évidemment pas. Bien sûr, la remarque sur « les
affinités » entre les noms de Censor et Debord est passablement tirée par
les cheveux, mais elle ne figure pas dans la seconde édition augmentée des Tombeaux. Quoi qu’il en soit, même si
Apostidès suggère une étroite collaboration Debord / Sanguinetti, il ne va pas
jusqu’à attribuer le Censor à Debord
— ce qui semble être la raison principale de la grande colère de Sanguinetti contre
le pauvre Apostolidès qui n’en peut mais.
S’interrogeant
sur l’attitude de Debord à son égard, Sanguinetti la met sur le compte d’une paranoïa
qui allait en s’accentuant : « Pourquoi Guy s’est-il place sur une
pente si glissante pour lui, quand il n’y avait pas de nécessité pour lui de le
faire ? C’est la question. Dans sa glissade politico-parnoïaque vers le
bas, il y avait – comme c’est souvent le cas dans la paranoïa – une méthode, en
tout cas une forme de paralogisme qui se satisfaisait de la pseudo-réalité
qu’elle avait elle-même créée dans le but de combattre l’effigie d’un
pseudo-ennemi. » Il écrit aussi : « Cette attitude, renforcée
par la “pulsion d’anéantissement” dont j’ai parlé au début de cette lettre, a
naturellement été étendue à tous ceux qui ont le plus contribué à la subversion
dont l’I.S. avait été porteuse. Il voulait rester seul. ».
(À
suivre)
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