Janover qui croit pouvoir écrire :
« C’est par ce qui fut de lui un échec que le surréalisme reste vivant
parmi nous, comme Révolution surréaliste donc, une utopie qui nous indique
maintenant encore un des chemins à prendre. En revanche, la réussite des
situationnistes signe leur arrêt de mort […]. », semble ne pas voir qu’il
n’y a pas de « réussite » de l’I.S. — sauf à vouloir parler par
antiphrase. L’I.S. a tenu exactement la seule place qu’elle pouvait tenir dans
l’histoire des avant-gardes qu’elle vient clore en échouant à son tour. Il a
manqué à l’I.S. exactement ce qu’il a manqué à dada et aux surréalistes avant
eux : une puissante révolution qui seule pouvait amener le dépassement
qu’elle appelait de ses vœux — qui restèrent donc des vœux pieux, car ce
n’était évidemment pas une avant-garde, aussi radicale fut elle, qui pouvait la
réaliser. Aussi l’I.S. ne put-elle jouer que le seul rôle qu’elle était en
mesure de jouer sur la scène désertée d’une révolution absente, celui de
l’aboyeur qui essaie de rameuter le public en lui promettant qu’il allait
bientôt voir ce qu’il allait voir. Et on peut dire que dans ce rôle elle a
excellé même si elle n’a pu rassembler alors qu’un maigre public. L’affluence
n’est venue qu’après que la « grande fête révolutionnaire » du
Quartier Latin se fut révélé n’être qu’un happening
qui se terminerait par le Bal des cocus de Grenelle. Depuis le succès ne s’est
pas démenti pour finir par culminer avec l’apothéose debordienne de la BnF — « Mais
c’est la gloire Pierre-François ! »
Mais trêve de plaisanterie (comme disait
Karl). Je sais qu’on ne doit pas plaisanter sur un tel sujet. Je terminerai
donc par quelques considérations du plus grand sérieux puisqu’elles sont tirées
d’une Encyclopédie* : « La
première et la plus importante de ces constations**, c’est qu’en regard de ses ambitions affirmées, l’I.S. a échoué
dans une large part de sa tâche historique, part qu’elle-même considérait comme
centrale : contribuer à la construction d’un mouvement révolutionnaire
moderne. […] Cela est d’autant plus digne d’attention que l’I.S. est
effectivement parvenue à éviter la fin habituelle des avant-gardes, le vieillissement
confortable. Réussite relative qui ne put être présentée comme nec plus ultra qu’au prix d’un
triomphalisme que Debord devait encore réaffirmer en 1979, et selon lequel, dans
la ligne des justifications marxistes de la liquidation de la Première
Internationale, la puissance du mouvement révolutionnaire rendrait désormais
inutile l’existence d’une organisation séparée. / […] / Critiquant la politique
sans trop se soucier des moyens de sa réalisation révolutionnaire (sinon sous
la forme plutôt lointaine des Conseils ouvriers) la théorie situationnistes est
restée sous-développée sur tout ce qui concerne la tactique, la recherche des
médiations nécessaires […]. / […] / Certes il avait été bon d’affirmer dans une
phase antérieure, avec ce que cela comportait d’irréalisme apparent, un
scandaleux aplomb antipolitique, fondé sur la certitude de la simplification
révolutionnaire possible de tous les
problèmes ; certitude fondée elle-même sur l’expérience constitutive de l’I.S.,
d’un dialogue entre individus autonomes négligeant superbement tous les
problèmes de la société dominante pour poser la question de l’emploi de la vie,
et y répondre avec la revendication de son plein
emploi, par le jeu, la création ininterrompue, la réalisation de l’art. […]
Toutes ces qualités d’un moment devaient cependant être renversées en leur
contraire par le mouvement historique. […] La simplification radicale des
problèmes, comme méthode et comme programme, devenait grossière mystification,
caricature de totalité et image lénifiante d’un avenir où “les problèmes
vulgaires de la société réelle et de la révolution seront instantanément abolis
avant même que l’ont ait eu le déplaisir
de les considérer (Communiqué à
propos de Vaneigem.) » On ne saurait mieux dire qu’en se privant des
précautions oratoires dont nos encyclopédistes se croient obligés de s’entourer.
Ils poursuivent leur remise en cause
douloureuse : « Le programme situationniste avait “sauvé” la création
consciente en la transférant de la vieille spécialisation artistique dans la
pratique révolutionnaire, et de la théorie esthétique de l’expression
individuelle dans la théorie critique de la communication. Mais ce “sauvetage
par transfert” n’a eu – historiquement et théoriquement – que le caractère d’une
transition. La fin de cette transition s’est manifestée dans l’I.S. même par l’inversion
de ses moyens précédents en lourds handicaps, et en particulier par la façon
dont l’initiale volonté anti-esthétique a abouti à une dérisoire esthétisation
de la politique. »
____________________
* Il s’agit de l’Encyclopédie des Nuisances, n°15, Avril 1992, article :
Abrégé.
** Il est fait référence au très pro-situationniste
ouvrage de Dumontier : Les
Situationnistes et mai 68, Paris 1990.
(À suivre)
« Il a manqué à l’I.S. exactement ce qu’il a manqué à dada et aux surréalistes avant eux : une puissante révolution qui seule pouvait amener le dépassement qu’elle appelait de ses vœux — qui restèrent donc des vœux pieux, car ce n’était évidemment pas une avant-garde, aussi radicale fut elle, qui pouvait la réaliser. »
RépondreSupprimerDécidément vous vous surpassez dans la niaiserie !
En une seule phrase vous enfilez deux perles. Ce n’était évidemment pas une avant-garde, si radicale fut elle, qui pouvait réaliser la révolution,dites-vous, mais, gros balourd, il n’a jamais été question pour une avant-garde de faire à elle seule la révolution ; il faut être un spectateur ignare pour croire à une telle perspective. Et vous parler de vœux pieux ?
Il aurait fallu une puissante révolution à l’I.S., dites-vous ? après 50 ans de contre-révolution stalinienne, Mai 68 fut une grève sauvage générale de12 millions de grévistes. Elle n’a pas vaincu le vieux monde ? Qui cela peut-il étonner ?
Mon petit Alex, vous ne comprenez rien à rien et vous racontez n’importe quoi : vous êtes un imbécile. Vous affirmez que les avant-gardes « n'attaquaient pas "les archaïsmes de la société" » mais qu’elles « voulaient le renversement de la bourgeoisie car la bourgeoisie n’est pas une classe qui cultive l’archaïsme afin de maintenir son emprise sur la société » — mais il ne suffisait pas de vouloir ce qui de tout façon n’était pas en son pouvoir. Et vous citez Marx. Mais hors de propos. Si la bourgeoisie est effectivement condamnée à « révolutionner constamment les instruments de production » et donc « l’ensemble des rapports sociaux », il n’en reste pas moins que le reste ne suit pas : mœurs, culture, etc. et qu’il se crée un hiatus qu’il faut combler ; c’est précisément le rôle que remplissent les avant-gardes — à leur corps défendant, peut-être ; mais le résultat est là : Debord au drugstore et la « teuf » pour tous.
SupprimerQu’une avant-garde ne puisse « faire à elle seule la révolution », je l’imagine bien volontiers. Mais quand le programme d’une avant-garde se trouve réalisé par l’ennemi cela pose pour le moins un problème. Et qu’« une grève sauvage générale de12 millions de grévistes » (pendant un mois) qui a fini par le Bal des cocus de Grenelle n’ait pas « vaincu le vieux monde » n’est effectivement pas étonnant, je vous le concède — creusez bien le mot.
Comme un demeuré, vous répétez le mot imbécile dans l’espoir qu’il va vous protéger de votre idiotie ?
SupprimerEt vous croyez qu’un mot devient vrai parce que vous le redites sans cesse ? vous avez la cervelle infantile et l’esprit faible !
Tout comme Voyer, votre haine de Debord vous fait débiter des âneries à jet continu.
Vous croyez que l’expo de la BnF est l’œuvre de Debord, dix-neuf après son suicide ? voilà un exploit qu’aucun mort n’aurait pu réaliser – mais il est vrai que vous considérez Debord comme un surhomme et son épouse (que vous appelez familièrement Alice comme si c’était votre copine) comme une mineure obéissant aux ordres de son seigneur et maître –, et que faites-vous de la vente programmée par Alice Debord des archives de Guy Debord à l’université Yale ? détail, direz-vous ! le surhomme avait tout prévu depuis l’au-delà…
Rions !
Vos considérations oiseuses sur les avant-gardes du XXe siècle ne reflètent aucune réalité et relèvent de la cuistrerie sous-universitaire. Vos prétentions sont risibles.
Aussi devriez-vous reprendre depuis le début :
http://www.youtube.com/watch?v=2bquTq9jQrI#t=25
http://www.youtube.com/watch?v=et5alrA8zhY
http://www.youtube.com/watch?v=pyCtB038E1s
"Le programme d'une avant-garde se trouve réalisé par l'ennemi", dites-vous, et vous prétendez ne pas être un ignare et un escroc ?
RépondreSupprimerMon petit Alex, vous êtes un imbécile : c’est le mot propre ; je n’y peux rien. Vous ne comprenez rien. Je n’ai absolument aucune haine envers Debord. Je continue à le lire avec intérêt ; et je trouve l’I.S. tout à fait passionnante. C’est d’ailleurs pour cela que je pense qu’il faut leur rendre justice — mais ça non plus vous ne pouvez pas le comprendre puisque vous ne comprenez rien.
SupprimerEt vous vous avez tout du vieux con qui rabâche ses âneries…
SupprimerAvis au vieux con qui nous bassine avec la «teuf» pour tous (t’es plus dans le coup, pépé) :
RépondreSupprimerhttp://lemonde.fr/economie/article/2014/01/05/siffler-en-travaillant_4343201_3234.html