« L’enfant,
à qui on a glissé dans la paume un objet, agitera la main et rapidement se
dessaisira de celui-ci avec une moue chagrine, voire des manifestations
d’inconfort et des mimiques coléreuses. De même, l’enfant garde les poings
résolument fermés lorsqu’il est face à la mère qui tente d’établir des
attouchements réciproques des visages et incite son enfant à la découverte
palmaire de son propre visage. Là aussi, l’enfant aveugle manifeste un
déplaisir au moment où l’enfant voyant est engagé ludiquement à l’endroit de
cette rencontre. »
Jean-Adolphe Rondal, Manuel de psychologie des handicaps : Sémiologie et principes de
remédiation.
La « découverte palmaire » est donc
une découverte faite par un (grand) enfant aveugle qui palpe avec opiniâtreté les
objets qu’il rencontre autour de lui avec la paume de ses (petites) mains. Il
est à noter que le même résultat peut être obtenu avec les pieds.
Voyer a donc beaucoup tâtonné — son Manuscrit de 1975 compte près de 2000
pages — avant de pouvoir circonscrire avec toute la précision voulu son
objet ; mais, enfin, il y est arrivé : « La valeur est un échange effectué en pensée ou, au choix, la pensée
d’un échange. “Le rapport dans lequel s'échangent les produits du travail est l'échange
lui-même ! La valeur n'est que l'idée de ce rapport.” » C’est
une définition qui vaut ce qu’elle vaut ; et que Voyer n’échangerait pour
rien au monde — on le comprend.
On fera simplement fera remarquer que pour
échanger, il faut évidemment avoir l’idée de l’échange. Et qu’on peut échanger
des choses qui ne valent rien. Cela dit la définition de Voyer est intéressante
en ce qu’elle met le doigt (et même les autres et toute la paume de la main)
sur le fait que dans notre monde c’est
l’échange qui crée la valeur et que, de ce fait, ce qui ne peux s’échanger — pour
quelque raison que ce soit — n’a plus aucune valeur.
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