Un document pré-situationniste : Le Voyage imaginaire de Léo Cassil réédité
chez Attila*.
Extrait de la quatrième de couverture :
Mêlant la vie quotidienne d’une famille russe
en 1917 et des extraits délirants des archives schwambraniennes, ce livre culte
pour les situationnistes constitue une ode à l’enfance et un classique d’une
totale liberté, à ranger entre Gulliver
et Alice au pays des merveilles.
Modérons et rectifions l’enthousiasme des
éditeurs. Ce livre fut surtout une référence pour Ivan Chtcheglov qui a dû le
faire connaître à Guy(-Ernest) Debord ; mais ce n’est certainement pas un « livre culte pour les situationnistes »
qui, dans leur grande majorité, on peut de chance d’avoir pu le connaître et le
lire puisqu’il date de 1931 et que, comme le rappelle les éditeurs, il « n’avait jamais été réédité en France depuis
1937 ».
À ce sujet, voici ce qu’écrivent Jean-Marie
Apostolidès et Boris Donné dans Ivan
Chtcheglov, Profil perdu** :
« Ce texte capital*** définit parfaitement
le rapport au monde d’Ivan à l’adolescence ; mais il s’agit d’un roman
découvert dès l’enfance, en compagnie de la mère, et qui lui parle d’autant
plus que ses héros sont des enfants russes. On y décèle en outre plusieurs motifs
dont l’influence a été déterminante sur la sensibilité d’Ivan jusqu’à l’âge
adulte. / […] / On peut […] relever dans Le Voyage imaginaire deux motifs en résonance avec l’univers
intime d’Ivan. La Schwambranie est la création partagée de deux frères ;
elle est le secret qui scelle leur complicité. Évoquant son enfance […] Ivan insiste sur sa situation de fils unique
et sur le désarroi qu’elle a fait naître en lui. Il n’est pas excessif de dire
que toute sa vie Ivan sera à la recherche d’un frère, d’un double avec qui
construire et explorer un espace de fiction. Chaque être élu pour tenir cette
place dans son imaginaire […] sera à
la fois une source d’épanouissement et la cause de son malheur. »
___________________
* Attila a (re)publié une belle édition
illustrée du Paris Insolite de Jean-Paul
Clébert.
** Éditions Allia — ouvrage évidemment recommandé, comme son complément : Ivan Chtcheglov, Écrits retrouvés ; ainsi que, plus généralement, les autres livres d'Apostolidès et de Donné sur l'I.S. et ses environs.
*** Référence à l'extrait suivant du Voyage imaginaire : « Mon frère et moi, nous avons joué plusieurs années à la Schwambranie. Nous étions habitués à elle comme à une seconde patrie. C’était un empire puissant. Seule la Révolution, nourrice sévère, pédagogue merveilleux, éducatrice modèle, nous a aidés à mettre en morceaux nos anciennes fidélités. C’est alors que nous abandonnâmes les débris et les oripeaux de la Schwambranie. (...) / Notre jeu a reflété tout ce qui se passait dans la vie réelle, tout ce qui emplissait nos cerveaux d’enfants. La guerre, le faux héroïsme, l’idéal d’une bravoure mesquine, l’éducation détournée, la révolution, la soif d’une activité sociale, les efforts pour comprendre ce qui se passe, la naissance de l’école nouvelle, les années de ruine, la destruction des anciennes formes de la famille… Pour cette raison, ce récit sur la Schwambranie imaginaire est avant tout, l’histoire un peu audacieuse mais tout à fait véridique d’une révolution non pas imaginée, mais réalisée. »
*** Référence à l'extrait suivant du Voyage imaginaire : « Mon frère et moi, nous avons joué plusieurs années à la Schwambranie. Nous étions habitués à elle comme à une seconde patrie. C’était un empire puissant. Seule la Révolution, nourrice sévère, pédagogue merveilleux, éducatrice modèle, nous a aidés à mettre en morceaux nos anciennes fidélités. C’est alors que nous abandonnâmes les débris et les oripeaux de la Schwambranie. (...) / Notre jeu a reflété tout ce qui se passait dans la vie réelle, tout ce qui emplissait nos cerveaux d’enfants. La guerre, le faux héroïsme, l’idéal d’une bravoure mesquine, l’éducation détournée, la révolution, la soif d’une activité sociale, les efforts pour comprendre ce qui se passe, la naissance de l’école nouvelle, les années de ruine, la destruction des anciennes formes de la famille… Pour cette raison, ce récit sur la Schwambranie imaginaire est avant tout, l’histoire un peu audacieuse mais tout à fait véridique d’une révolution non pas imaginée, mais réalisée. »
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