[Extrait du livre de Jean-Michel Mension, Le Temps gage, Aventures politiques et artistiques d’un irrégulier à Paris,
moisson rouge, Éditions Noesis.]
Dans cette période*, nous fréquentions
assidument un bistrot de la rue Quincampoix, Le Golem, tenu par Jocelyne, la veuve du génial Reiser, et son jules
Golendorf, qui a un stand aux puces de Montreuil et dont le père fut emprisonné
un temps par Castro à Cuba. On y rencontre la génération brocante. Chaque
génération a son occupation préférée : le calcul des surfaces corrigées,
la brocante, l’informatique, le Web, etc. Au noir si possible, toujours au
noir. / Entre Guilbert et Le Golem,
ça a été le coup de foudre. Ça boit très sec. Depuis 68, on voit aussi y
apparaître, de plus en plus nombreux, des artistes de rue. Bistrot tangage, mais ça va pas durer longtemps.
Jocelyne et Le Golem se séparent et c’est
Guido, un vieux pote, qui prend la relève. Il aime les grosses femmes, et
Jocelyne est très grosse. Bientôt on boira au premier étage, dans la piaule qui
est devenue son atelier, et quand les clients demanderont un verre de rouge, il
faudra aller en acheter un litre à l’épicerie du coin. / En face, il y a
Voisin, énorme et sculpteur, Bernard Lecoutre dit Bad, un vieux de la vieille,
de l’époque bruxelloise, qui a ouvert un resto. Là aussi, on boit souvent au
premier étage. Un beau petit coin de rue, typique du vieux Paris !
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La fin des années 70.
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