Un
mot aussi sur l’article de Patrick Marcolini où il analyse le concept de révolution
chez les situationnistes qui aurait, selon lui, tourné au mythe — cette « révolution »
était mythique dès le départ. Il passe en revue les « significations
imaginaires » attachées à ce concept chez les situationnistes et les
épigones : « l’identification de la révolution à une fête, à une guerre,
et à un bouleversement total de nature quasi apocalyptique ». Je me bornerai
au côté « apocalyptique » de l’I.S. — et de Debord en particulier qui
se marie d’ailleurs très bien avec la « guerre » et le « jeu ».
Mais là aussi Debord et Vaneigem sont en parfait accord ; parce que l’option
révolutionnaire, des deux côtés, ne s’embarrasse pas excessivement du côté
pratique de sa réalisation. Il s’agit, en principe, de bouleverser par tous les
moyens l’ordre établi. Marcolini déplore à la fin de son article cette
rhétorique qui ne s’embarrasse pas de compromis, et il en appelle à plus de
mesure, voire de « common sense ».
Mais c’est justement ce qui était étranger aux situationnistes, et surtout à Debord.
Ils ne sont d’ailleurs jamais véritablement souciés de construire quoi que ce
soit après la « révolution ». La référence aux « Conseils
Ouvriers » est purement circonstancielle et idéologique : les
Conseils avaient été battus partout et bénéficiaient donc d’une sorte de
virginité politique. Mais était-ce un mot d’ordre véritablement judicieux à une
époque où la « belle jeunesse » radicale aspirait plutôt à déserter
les usines pour « partir sur les routes » plutôt qu’à les occuper —
et pour quoi faire ?
(À
suivre)
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