jeudi 27 juin 2013

Lectures – in situs / 5




Un mot aussi sur l’article de Patrick Marcolini où il analyse le concept de révolution chez les situationnistes qui aurait, selon lui, tourné au mythe — cette « révolution » était mythique dès le départ. Il passe en revue les « significations imaginaires » attachées à ce concept chez les situationnistes et les épigones : « l’identification de la révolution à une fête, à une guerre, et à un bouleversement total de nature quasi apocalyptique ». Je me bornerai au côté « apocalyptique » de l’I.S. — et de Debord en particulier qui se marie d’ailleurs très bien avec la « guerre » et le « jeu ». Mais là aussi Debord et Vaneigem sont en parfait accord ; parce que l’option révolutionnaire, des deux côtés, ne s’embarrasse pas excessivement du côté pratique de sa réalisation. Il s’agit, en principe, de bouleverser par tous les moyens l’ordre établi. Marcolini déplore à la fin de son article cette rhétorique qui ne s’embarrasse pas de compromis, et il en appelle à plus de mesure, voire de « common sense ». Mais c’est justement ce qui était étranger aux situationnistes, et surtout à Debord. Ils ne sont d’ailleurs jamais véritablement souciés de construire quoi que ce soit après la « révolution ». La référence aux « Conseils Ouvriers » est purement circonstancielle et idéologique : les Conseils avaient été battus partout et bénéficiaient donc d’une sorte de virginité politique. Mais était-ce un mot d’ordre véritablement judicieux à une époque où la « belle jeunesse » radicale aspirait plutôt à déserter les usines pour « partir sur les routes » plutôt qu’à les occuper — et pour quoi faire ?

(À suivre)

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