mercredi 25 septembre 2013

Lectures – Haute époque / 4



Avant d’en finir, nous aussi, il faut encore mentionner la présence récurrente dans ce roman d’un autre livre : la Vie de Rancé de Chateaubriand, où il est question de Retz, que le narrateur feuillette encore à la fin aux toilettes et qui n’est pas sans rapport avec notre sujet.


Le cardinal de Retz était petit, noir, laid ; il ne savait pas se boutonner.

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Les portraits du cardinal de Retz n’offrent pas ces difformités : dans le visage il a quelque chose d’arrogant de M. de Talleyrand […].

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Retz écrivit la Conjuration de Fiesque ; ce qui fit dire au cardinal de Richelieu : « Voilà un dangereux esprit. »

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Suspect à Richelieu, ayant eu l’audace de mugueter ses femmes, le lovelace tortu et batailleur fut obligé de s’enfuir.

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Joly, la duchesse de Nemours, La Rochefoucauld, madame de Sévigné, le président Hénault et cent autres ont écrit du cardinal de Retz : c’est l’idole des mauvais sujets.

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Placé entre la Fronde qui permettait tout, et le maître de Versailles qui ne souffrait presque rien, le coadjuteur s’écriait : « Est-il quelqu’un de pire que moi […]. »

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De l’esprit comme homme, du talent comme écrivain (et c’était là la vrai supériorité) l’ont fait prendre pour un personnage de génie. Quant à ses actions politiques, […] le moindre ne nos révolutionnaire eût brisé en une heure ce qui arrêta Retz toute sa vie.

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Réduit à lui-même et privé des événements, il se montra inoffensif : non qu’il subît une de ces métamorphoses avant-coureurs du dernier départ, mais parce qu’il avait la faculté de changer de forme comme certains scarabées vénéneux. Privé de sens moral, cette privation était sa force. Sous le rapport de l’argent il fut noble ; il paya les dettes de la royauté de la rue, par la seule raison qu’il s’appelait Retz.  Peu lui importait d reste sa personne : ne s’était-il pas exposé lui-même au coin d’un borne ? On le pressait de dicter ses aventures, et le romancier transformé en politique les adresse à une femme sans nom […].


Les citations qui précèdent ont été utilisées par Jean-Yves Lacroix au début du livre pour confectionner un pseudo article du Monde : « Guy Debord, cardinal », « hommage » anonyme paru après son suicide dont Vaneigem parlera plus loin au narrateur, lors de leur rencontre pour affaire, en ces termes : « Au milieu des ordures, à sa mort, un copain a fait paraitre dans Le Monde un portrait détourné de celui que Chateaubriand dresse du cardinal de Retz dans La Vie de Rancé. Eh bien, crois-moi, il y a plus de révélation dans ce texte écrit sur un autre, par un autre, que dans tout ce que nos contemporains ont déballé sur lui depuis son suicide. »

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